La relation à la rémunération du thérapeute : comment déterminer vos tarifs ?

La relation à la rémunération du thérapeute : comment déterminer vos tarifs ?

Préambule

J’ai eu récemment un échange très intéressant avec une personne qui suit une thérapie (avec un praticien que je ne connais pas).
Nous avons parlé de l’action de payer en thérapie.
Celle-ci a commencé avec 2 propos affirmés :
« Je ne comprends pas pourquoi on dit que payer fait partie de la thérapie »
« Ma thérapeute vient de m’indiquer qu’elle allait augmenter ses tarifs et je suis très en colère ».
« Payer fait partie de la thérapie » est une position analytique. Ma position est différente : J’estime surtout que le règlement d’une séance de thérapie indique la reconnaissance de la compétence du thérapeute, elle induit aussi une position de client attendant un service en retour de son paiement, ce qui responsabilise autant le thérapeute que le consultant.
Enfin sur les changements de tarifs, j’ai souvent rencontré des thérapeutes pour qui ce sujet était complexe. Cette question parle autant de votre rapport à l’argent, à la rémunération, à la relation d’aide et au rendre service. Mais les réactions de leurs patients ne les aidaient pas à changer leur posture.
  • Si vous sentez une dissentions entre votre niveau de vie, votre activité professionnelle, votre difficulté à annoncer à des patients votre nouveau tarif
  • Si vous aussi vous avez eu à faire avec des clients/patients qui remettaient en cause votre légitimité à être payé, ne vous payaient pas, trainaient dans leur règlement vous obligeant à réclamer celui-ci plusieurs fois.
  • Si vous avez des difficultés à vivre de votre activité de psychologue, psychopraticien, psychothérapeute, cet article et l’intervention vidéo sont est fait pour vous

 

1-Le thérapeute est un chef d’entreprise

En « bon » chef d’entreprise, il faut vous poser pour élaborer vos prix en fonction de votre offre, de votre contexte professionnel actuel et de vos patients/clients cibles. Quels sont les tarifs pratiqués ailleurs? comment les justifier? Il faut passer par là pour vous positionner et être aligné avec votre pratique tarifaire.

Lorsqu’on se décide à travailler à son compte en tant que thérapeute, la question des tarifs des séances que l’on conduit, se pose rapidement. Or, le thérapeute nourrit souvent une relation passionnée avec son activité qui l’éloigne de toute notion de rémunération. Toutefois, lorsqu’on décide de transformer sa passion en activité professionnelle, il convient dadopter une nouvelle posture centrée sur la relation travail / rémunération. Le prix que l’on choisit, comme le prix que l’on est prêt à mettre se définissent par un grand nombre de critères objectifs et subjectifs. Un professionnel qui ne peut pas vivre de son activité ne pourra pas exercer son métier sereinement, et le premier à en pâtir sera son patient, ou client.

Souvent, en tant que thérapeute, nous avons le réflexe de présenter notre activité mais pas de dire que l’on est chef d’entreprise. Alors que c’est bel et bien le cas ! Un statut qui implique plusieurs fonctions annexes à celles de notre cœur de métier, comme :

  • la gestion,
  • l’administratif
  • la communication,
  • la comptabilité
  • l’entretien du cabinet
  • les prises de rendez-vous
  • le financement des périodes de congés
  • etc…

Prendre en compte toutes ces dimensions liées à votre statut de chef d’entreprise pourra vous permettre d’ancrer l’aspect professionnel de votre activité, qui implique une rémunération et donc d’avoir défini vos tarifs en amont.

2- Définir le niveau de rémunération souhaité

Pour définir la rémunération que l’on souhaite obtenir, on peut faire le parallèle avec la situation d’une personne qui postule à un poste salarié. « Quelles sont vos prétentions salariales ? » peut-être une question que le recruteur va poser au cours de l’entretien. Tout comme un candidat à un poste salarié, le thérapeute indépendant doit également se poser cette question.

« Quel niveau de rémunération est-ce que je souhaite atteindre de par l’exercice de mon activité ? » La réponse doit exister dans le business plan afin de s’y référer et de faire le point sur son activité dans le futur.

Pour y répondre, le thérapeute va être contraint de revenir à la réalité et d’être pratico-pratique ; par exemple, en déterminant le nombre de séances d’accompagnement maximum qu’il peut réaliser en une semaine. Ce nombre multiplié par le tarif déterminé pour chaque séance lui permettra d’avoir une idée sur le chiffre d’affaires maximum qu’il pourra être amené à réaliser.

Prenons un exemple concret : si je souhaite réaliser un chiffre d’affaires brut de 30 000€ soit 2500 € par mois, combien d’heures de travail et de séances cela représente-t-il au regard des tarifs que je pratique (recettes) et des charges qui m’incombent (dépenses)  ? En répondant à cette question, vous allez pouvoir structurer votre offre et à déterminer vos tarifs.

Par exemple, si vous vous apercevez que pour atteindre votre objectif de chiffres d’affaires, vous allez devoir travailler un nombre trop important d’heures, vous pourrez réajuster votre offre :

  • soit en augmentant vos tarifs,

  • soit en créant un produit générateur de chiffre d’affaire, sans que votre temps en soit trop impacté.

 

3-Planifier son temps de travail

Il est également important de mettre ce chiffre d’affaires en regard de l’organisation de vie que l’on souhaite et des contraintes que l’on a : « Est-ce que ma priorité est d’avoir un niveau de rémunération élevée ? Est-ce que je préfère consacrer moins de temps à mon activité professionnelle et gagner moins ? » Tous ces paramètres et critères sont à définir dans votre business plan avant de réaliser le rétroplanning des actions à mettre en place pour atteindre vos objectifs.

Afin d’établir le rétroplanning des actions à mettre en place pour développer votre activité, il est essentiel de définir :

  • de combien d’heures de travail vous disposez par jour/par semaine/par mois,

  • sur ce nombre, combien d’heures vont être rémunérées (hors temps dédiés à la formation, à la communication, au développement/suivi commercial, etc.).

Par exemple, il est important de faire attention à construire votre planning en incluant pas uniquement des temps de consultations, au détriment de temps dédiés à la communication et au développement commercial de votre activité. Le risque étant que lorsque ces temps de consultations vont diminuer, votre rémunération également. Des creux d’activité risquent ainsi d’apparaître.

En effet, trop d’entrepreneurs passent trop de temps à travailler pour une rémunération qui est, au final, insuffisante. Cela peut être le cas l’année du lancement de votre activité. Toutefois, cela ne doit pas perdurer dans le temps.

4- Prendre en considération le marché dans lequel votre activité se positionne : réalité ou piège ?

Afin de définir vos prix, il est essentiel d’étudier le marché dans lequel s’inscrit votre activité et d’analyser les pratiques de vos concurrents. Par exemple, il serait irréaliste de vous positionner sur une gamme de prix très supérieure à la moyenne des tarifs pratiqués par vos concurrents sur le même secteur, sans apporter de la valeur ajoutée à l’offre déjà existante sur ce marché.

A contrario, il ne faut pas non plus être bridé par les tarifs pratiqués par vos concurrents. En effet, même si l’activité globale est similaire, l’offre que vous allez proposer sera VOTRE offre, donc forcément différente de celle proposée par vos concurrents.

Il est également important de vous mettre à la place de vos futurs clients/consultants en vous posant cette question : « Si j’avais tel besoin et qu’on me proposait d’y répondre, serais je prêt à mettre tel prix ? ». En effet, la question de la valeur de la réponse/de l’accompagnement que l’on propose est à garder à l’esprit. Si les personnes ont conscience de cette valeur, que ce que vous proposez va répondre à leur besoin, alors elles seront pleinement convaincues de ce que vous pouvez leur apporter et n’hésiteront pas à y mettre le prix.

Remboursement des séances de psychologie ? La Sécurité sociale propose depuis peu de temps des remboursements de séances de psychologie. Pour ne bénéficier il faut passer par un médecin généraliste qui vous donne une ordonnance pour 10 séances, qui peut être renouvelée une fois. Vous devez alors vous adresser à un psychologue conventionné. Ceux-ci sont très rares. En effet le conventionnement induit qu’ils travaillent avec des séances de 30 minutes, ce qui est insuffisant pour créer une relation thérapeutique de qualité, avec un tarif qu’ils ne peuvent dépasser, mais qui est trop faible pour qu’ils puissent vivre correctement de leur activité. Ces process ont été établis dans une logique économique qui ne garantissent pas la sérénité nécessaire pour suivre une thérapie.

5- Réfléchir à sa propre relation à l’argent

Il s’agit d’une question centrale à laquelle on peut répondre en remettant au centre du sujet l’équation suivante : activité professionnelle = rémunération. des thérapeutes considèrent parfois qu’ils « prennent » l’argent à leurs patients, au lieu de considérer que ceux-ci peuvent avoir un statut de clients : ils vous payent pour un service que vous leur rendez

Cette question de l’argent permet aussi de s’interroger sur sa propre façon de consommer et d’acheter :

  • « Ai-je tendance à négocier ?
  • Est-ce que j’apprécie le fait de bénéficier d’un bonus ?
  • Suis-je sensible aux promotions ? »

En répondant à ces questions, vous pourrez faire des choix en cohérence avec vos propres valeurs liées à l’argent.

 

6-Attention à ne pas réfléchir en fonction de ses peurs et créer des pièges

Certains freins peuvent jouer sur votre façon de vous positionner commercialement et donc de déterminer vos tarifs.

Il peut s’agir de peurs diverses telles que :

  • la peur de demander un prix trop élevé,

  • la peur que les gens n’achètent pas parce que c’est trop cher,

  • la peur de gagner de l’argent,

  • la peur de réussir,

  • le reflet d’une absence de confiance en soi.

En fonction des peurs ressenties par chacun, des pièges peuvent alors se mettre en place, tels que :

  • de raisonner en fonction de ses peurs,

  • de penser en fonction de son propre pouvoir d’achat,

  • de penser en fonction de ceux qui négocient : ces personnes ne vont pas forcément être de bons clients. Cette négociation fait partie d’eux et non pas de vous. Vous n’êtes pas obligés d’entrer dans ce système qui leur est propre

 

7-Rationalisez votre réflexion : Prenez en compte votre réalité économique pour déterminer vos tarifs

Outre les appréciations et ressentis propres à chacun sur son rapport à l’argent, il est important de garder à l’esprit qu’un prix fixe et déterminé est aussi synonyme d’expertise et de professionnalisme. Il constitue le reflet de la valeur de votre travail.

Outre ce principe général, il vous faut vous appuyer sur des données et faits tangibles pour définir vos tarifs, à savoir :

  • repérez votre prix de revient à partir des frais engagés (investissements dans la formation, la communication, frais de délégation d’activité, etc.) Il s’agit de tous les frais que votre chiffre d’affaires doit couvrir, en charges, en impôts, etc.),

  • définissez une fourchette haute et basse des revenus que vous souhaiteriez obtenir de par votre activité,

  • ensuite, vous pourrez diviser la somme de ces coûts en nombre de ventes potentielles (à combien de personnes est-ce que je dois vendre mes services à tel tarif pour atteindre mon objectif ?).

A court terme, vous pourrez peut-être vous permettre de financer les investissements nécessaires à la pratique de votre activité, sans vous octroyer de rémunération. Mais cette situation ne doit pas perdurer dans le temps : à long terme, vous ne pourrez pas demander à vos clients un paiement inférieur à que ce que votre activité ne vous coûte.

Gardez à l’esprit que vos clients vont acheter un résultat.

Ils ont aussi un rapport à l’argent différent du vôtre.

Enfin, restez vigilant par rapport à la négociation : ce jeu peut être sans fin et créer un déséquilibre.

 

8-Etre un bon gestionnaire

Osez revoir vos tarifs régulièrement. Vos tarifs de lancement ne seront pas forcément les mêmes à N+1 ou N+2 de votre activité. Lorsque vous aurez gagné en assurance et aurez conquis une clientèle plus qualifiée.

Osez déléguer certaines tâches pour lesquelles vous ne serez pas dans votre valeur ajoutée maximum. Cela peut porter aussi bien sur des missions de communication (sur les réseaux sociaux par exemple) que sur l’entretien de vos locaux par exemple.

Osez considérer que tout travail mérite salaire.

 

9-Ecouter le Replay de l’intervention d’Aude sur le sujet

Cette intervention a été enregistrée dans le cadre des formations business proposées par Aude lorsqu’elle animait le réseau Soignants Dans Le Monde.

  • Prendre en compte votre réalité économique pour éviter certains écueils,
  • Identifier le niveau de rémunération que vous attendez.
  • Nommer les points de vigilance
  • Appliquer des tarifs justes par rapport à l’offre que vous proposez.

 

 

Pour avancer sur le sujet à titre personnel : Prendre rendez-vous pour une supervision avec Aude

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Comment se déroule un accompagnement thérapeutique à distance ?

Comment se déroule un accompagnement thérapeutique à distance ?

Le développement de l’accompagnement thérapeutique à distance : La téléconsultation

 

Depuis le début de la crise sanitaire, beaucoup de praticiens se sont interrogés sur la question de pratiquer leur spécialité à distance. Certains y restent toutefois totalement opposés : « Il n’est pas possible de réaliser un accompagnement thérapeutique à distance. Cela s’apparente plutôt à du soutien. », dit ce naturopathe. Cet avis reste à mesurer et à nuancer car il existe aujourd’hui des modalités de téléconsultations qui peuvent être utilisées par les thérapeutes et qui permettent d’accompagner leurs consultants pour atteindre l’objectif de mieux-être qu’ils se sont fixé.

De nombreuses spécialités thérapeutiques peuvent aujourd’hui être pratiquées en distanciel. Une tendance qui se démultiplie à des pratiques de plus en plus élargies, telles que :

  • le suivi thérapeutique,
  • le suivi médical,
  • le suivi en orthophonie,
  • etc.

Rappelons qu’en 2009, la loi de Réforme de l’hôpital a proposé une définition de la télémédecine [1]. Le décret [2] qui a rendu obligatoire la construction de programmes régionaux de télémédecine, a ensuite suivi en 2010.

 

Quels sont les avantages de la téléconsultation ?

Premièrement, on peut affirmer que la consultation à distance permet d’apporter une réponse à des personnes qui ne bénéficient que de peu de possibilités de consultation dans leur environnement proche. La consultation à distance est facilitante : elle ne tient pas compte du nombre de kilomètres qui peuvent séparer un thérapeute de son consultant.

Deuxièmement, pour le thérapeute, cette modalité de consultation lui permet d’être plus souple en termes d’horaires notamment.

En effet, la consultation à distance va lui permettre :

  • d’organiser des rendez-vous en dépit d’un planning déjà chargé,
  • de gagner du temps,
  • de supprimer les temps éventuels de trajets pour se consacrer de manière exclusive à ses consultations.

La consultation à distance présente également des avantages d’ordre économique pour le patient comme pour le thérapeute. En exerçant sa pratique depuis son domicile, le thérapeute n’aura pas à se soucier du mode de garde de ses enfants par exemple.  Du côté du consultant, celui-ci n’aura pas besoin de poser congé pour pouvoir honorer son rendez-vous.

Pour les personnes qui rencontrent des difficultés de mobilité, cette modalité leur permet de bénéficier d’un suivi sans avoir à se déplacer. Une possibilité qui a toute son importance lorsqu’on sait que beaucoup d’accompagnements thérapeutiques sont interrompus car trop compliqués à organiser.

En consultant leur thérapeute à distance, certaines personnes anxieuses peuvent aussi ressentir un sentiment de sécurité, renforcé par le fait qu’elles demeurent à leur domicile. Un sentiment qui permet de libérer de l’espace psychique en leur permettant de travailler plus efficacement sur la cause de leurs problèmes.

D’autres pensent que cette modalité de consultation est déshumanisante par le fait qu’elle crée un manque de contact humain réel. En effet, il est important de prendre en considération cette idée, notamment pour des individus qui seraient très isolés dans leur quotidien mais également se dire que cette modalité ne doit pas être instaurée à tout prix. Il s’agit d’une alternative possible à considérer.

 

Quelles sont les limites de l’accompagnement thérapeutique en distanciel ?

Pour répondre à cette question, prenons l’exemple d’une récente étude dont l’objectif était d’évaluer les différences d’investissement de psychologues selon qu’ils exercent en présentiel ou en distanciel.

Ainsi, cette étude a permis de mettre en avant que l’investissement du patient comme l’investissement du thérapeute n’ont pas de lien, avec le cadre de la consultation : En présentiel ou à distance.

Aussi, il peut être opportun que le thérapeute indique à ses consultants comment ils peuvent s’organiser eux-mêmes, ou comment ils peuvent organiser l’espace de leurs enfants dans le cadre de leur accompagnement thérapeutique, et ce, afin de préserver un environnement qui définit bien le temps de séance comme un espace thérapeutique.

Il existe des situations dans lesquelles le thérapeute va préférer annuler une séance à la dernière minute, par exemple si les circonstances ne permettent pas au consultant de profiter du temps de la consultation (avec un enfant malade à charge par exemple). Il s’agit de cas rares car la plupart du temps, les consultants ont à cœur de préserver leur séance, et que la modalité de consultation à distance rend les aménagements plus faciles à réaliser.

Toutefois, certaines pratiques restent difficiles à mettre en œuvre à distance. Par exemple, un suivi par un médecin ou par une sage-femme ne pourra pas être tout à fait le même en l’absence de possibilité d’auscultation. Une adaptation des pratiques comme des attentes doit donc être mise en œuvre.

Une autre limite de la consultation à distance concerne la gravité des situations des individus consultants :

  • ceux dont l’état nécessite la prescription de médicaments,
  • ceux qui semblent trop fragiles et pour lesquels le thérapeute va préférer avoir un contact avec leur environnement immédiat en cas d’aggravation de leur état.

Il n’est pas toujours facile de discerner dès les premiers contacts les risques de décompensation des personnes. En cas de nécessité, il est également essentiel de pouvoir en échanger avec d’autres professionnels.

 

La consultation de soin à distance en pratique

Dans un premier temps, il est essentiel que le thérapeute aborde la question de la confidentialité des échanges avec son consultant, et de bien lui préciser :

  • qu’aucune information (nom du patient, contenu des entretiens, etc.) ne sera partagée avec quiconque,
  • que les séances ne sont pas enregistrées.

En ce qui concerne le mode de paiement des consultations à distance, il existe différentes solutions telles que :

  • la possibilité de prépaiement par chèque ou virement bancaire,
  • la mise en place d’un logiciel de paiement en ligne,
  • etc.

C’est au professionnel d’établir ses propres règles et d’en informer ses consultants.

Il convient d’être vigilants par rapport aux rendez-vous de premier contact. Certains thérapeutes sont tentés de les proposer gratuitement et malheureusement, qu’ils ne soient pas honorés au final. Mieux vaut proposer un rendez-vous payable à l’avance, unique ou intégré à un forfait d’accompagnement thérapeutique qui sera choisi par la suite par le consultant.

Les annulations de consultations à distance se produisent aussi comme celles de rendez-vous en présentiel. Pour contrer ce problème, chaque thérapeute va gérer la situation comme il le souhaite. Il peut par exemple :

  • accepter de reporter la séance sans demander de règlement,
  • indiquer que le rendez-vous pris est dû, à moins d’être annulé sous telle ou telle condition.

Certaines personnes ne se présentent pas au rendez-vous et pensent que cela n’a pas d’incidence car le rendez-vous n’est pas physique. Or, dans le cas du travail à distance comme du travail en présentiel, le consultant qui ne se présente pas à un rendez-vous ne se représente pas toujours la réalité du thérapeute qui :

  • se met à sa disposition de son consultant,
  • lui réserve un temps dédié dans son planning,
  • interrompt ses activités afin de se rendre disponible au moment du rendez-vous convenu.

Il y a souvent un sens aux annulations de rendez-vous en cours de suivi : elles font partie de l’appropriation du cadre thérapeutique par le consultant. Dans ce cadre, il est important que ces personnes soient écoutées et qu’elles expriment ce qu’elles ont à dire à ce sujet.  Parfois, il n’y a aucune raison. Parfois, il existe une raison infaillible (j’ai été retenu en réunion, mon enfant était malade, …). Généralement, la vraie raison se cache derrière ces faits évoqués. En effet, si la personne avait vraiment souhaité venir au rendez-vous, elle aurait mis en place les moyens de l’honorer.

Souvent, les motifs d’annulation invoqués cachent d’autres problématiques :

  • les changements apportés au patient lui font du bien, mais lui font peur aussi,
  • la personne est déstabilisée car elle observe la place que ce travail thérapeutique prend chez elle,
  • elle aurait aimé se débrouiller par elle-même,
  • les séances remettent tellement en question ses croyances qu’elle a du mal à s’y confronter.

Dans ces cas de figure, le thérapeute pourra alors soulever le pourquoi d’une absence sans se contenter de la raison invoquée. Cela n’empêchera pas de demander le règlement de la séance qui a été convenue et pour laquelle il avait réservé du temps.

 

Comment se déroule une consultation de soin à distance ?

L’une des particularités induites par la consultation à distance est que le thérapeute va devoir adapter ses réponses à des situations qui sont rendues plus complexes du fait de la distance.

Prenons l’exemple d’une séance d’orthophonie à distance. En présentiel, l’orthophoniste va pouvoir utiliser du matériel au fur et à mesure des besoins de la séance. A distance, il va falloir anticiper ces besoins pour pallier cette particularité de l’accompagnement thérapeutique à distance :

  • en utilisant l’approche par le dessin comme moyen de production par l’enfant ou comme un moyen de représenter les situations psychiques décodées durant la séance,
  • en envoyant des photos,
  • en ajustant la position de la feuille de papier devant la caméra,
  • etc.

Une particularité de l’accompagnement en ligne peut aussi résider dans les silences, qui ont un sens. Ils représentent le temps nécessaire au consultant pour cheminer dans sa réflexion. Il n’est donc pas nécessaire de vouloir les combler à tout prix.

Parfois les soucis d’ordre technique peuvent s’en mêler et obliger le professionnel à interrompre la séance, voire à la reporter. Des situations la plupart du temps acceptées par le consultant qui s’engage dans un travail à distance. D’autres personnes pourront s’opposer et refuser ce travail à distance qui les insécurise. Il n’y a pas de jugement à porter, juste la réalité de chacun à accueillir.

Ces nouvelles modalités de pratique thérapeutiques continueront à poser question et à générer opposition ou enthousiasme. L’essentiel est de n’imposer à personne le moyen qu’il peut utiliser, ni de refuser d’emblée une possibilité. Mais l’expérience des personnes qui ont pu exprimer leur avis indique en tous cas l’efficacité de cette modalité d’accompagnement, au même titre que des rendez-vous en présentiel.

[1] Loi n° 2009-879 du 21 juillet 2009 article 78 et art. L. 6316-1 du code de santé publique.

[2] Décret n° 2010-514 du 18 mai 2010

 

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Pour répondre à d’autres questions en lien avec votre installation libérale :

L’impact des propos des parents sur leur enfant

Beaucoup de parents ne perçoivent pas ou ne mesurent pas suffisamment l’impact que leurs propos peuvent avoir sur leur enfant. Ces parents sont souvent désespérés car ils ont l’impression que leur enfant se moque totalement de ce qu’ils disent. Et pourtant l’enfant écoute ses parents bien plus qu’on ne le croit ! Alors comment décrypter ce qui se cache derrière l’apparente désinvolture que peut avoir son enfant ?

 

Reprendre confiance et conscience de l’impact des propos des parents sur l’enfant

Ces parents qui ne mesurent pas à quel point les mots qu’ils peuvent prononcer ont un impact sur leur enfant, sont souvent des personnes qui :

  • manquent de confiance en elles,
  • portent beaucoup d’attention à leur enfant,
  • ont envie de bien faire,
  • se posent beaucoup de questions sur ce qu’elles sont en tant que parents.

Avoir conscience de cet impact et reprendre confiance en soi en tant que parents peut permettre de corriger certains comportements mais aussi d’éviter les conflits parents/enfant. En effet, ces conflits sont généralement liés :

  • au manque de confiance en eux des parents,
  • à leurs peurs qu’ils projettent sur leur enfant.

Dans la façon dont les parents peuvent s’adressent à leur enfant en lui disant par exemple : « Tu ne sais pas faire telle ou telle chose » ou encore « Tu n’es pas bon dans tel ou tel domaine », ils cherchent à ce que leur enfant se ressaisisse et change son comportement. Or, cette façon de faire est vouée à l’échec !

 

L’agressivité ou la désinvolture de l’enfant : un appel à l’aide à ses parents

En entendant ces propos négatifs à son sujet de la part de ses parents, l’enfant va :

  • se sentir « écrasé » par toute la puissance qu’il attribue à ses parents,
  • se montrer incapable de réagir,
  • être dans l’incapacité d’expliquer la raison de son comportement ou de son incapacité que lui font remarquer ses parents.

Cette apparente désinvolture cache en réalité son désir profond de satisfaire ses parents et de s’assurer de leur amour pour lui. Ainsi, plus ses parents lui feront des remontrances ou des reproches, plus l’enfant risque de ne pas se sentir à la hauteur et dans l’incapacité d’agir comme ses parents le souhaiteraient.

Par défaut, l’enfant a un a priori positif sur ses parents même s’il peut parfois se montrer agressif dans les mots qu’il emploie pour s’adresser à eux. Son agressivité est en fait une façon d’exprimer :

  • ses limites quant aux attentes de ses parents,
  • sa demande d’être aidé et accompagné par ses parents pour répondre à leurs attentes.

L’agressivité que peut montrer un enfant ou son désinvestissement à l’école peut en réalité cacher un appel à l’aide très concret que l’enfant ne parvient pas à verbaliser auprès de ses parents. Il entre alors dans un cercle vicieux négatif : en ayant le sentiment que la demande de ses parents lui paraît inatteignable, il va prendre le contre-pied de ce qu’il lui est demandé pour ne pas avoir à avouer sa faiblesse à ses parents.

Parents, reprenez conscience des mots que vous employez pour vous adressez à votre enfant et de l’impact que cela peut avoir sur lui.

 

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L’approche thérapeutique de l’entretien centré sur la personne

L’approche thérapeutique de l’entretien centré sur la personne

L’entretien centré sur la personne est une des techniques utilisées par Carl Rogers, psychologue américain, dans sa pratique thérapeutique. Il s’agit d’un entretien durant lequel le thérapeute exerce une écoute active et entière de son consultant, où l’écoutant laisse sa place à l’autre en ne lui infligeant pas la lecture de sa situation à travers le prisme de ses projections et de ses théories.

Il est vrai qu’en tant que thérapeute, il est de votre rôle de mettre à disposition vos savoirs. Toutefois, au travers de cette technique, votre objectif est bien de celui d’écouter l’autre avec suffisamment d’empathie, de capacité à vous mettre à sa place pour lui proposer les lectures dont il a besoin, et suivre son chemin.  En favorisant une parole vraie, vous allez pouvoir accueillir votre consultant dans ce qu’il est, et ce, quel que soit l’accompagnement que vous lui proposerez.

 

Comment se déroule un entretien centré sur la personne ?

Un entretien centré sur la personne commence par une question ouverte à laquelle le consultant va pouvoir apporter une réponse personnalisée et subtile :

  • « Que se passe-t-il aujourd’hui pour vous ? »,
  • « Quels sont les sujets dont vous souhaitez parler aujourd’hui ? »,
  • « Que ressentez vous aujourd’hui ? »,
  • etc.

Le contenu de la réponse va guider la suite de l’entretien. Pour les personnes qui s’expriment avec facilité, l’entretien visera à approfondir la situation et à laisser émerger les réponses adaptées. Pour certaines personnes, d’autres questions seront nécessaires pour permettre à la personne de trouver progressivement ses mots pour exprimer ses sensations et sa richesse.

 

Quelle posture doit avoir le thérapeute au cours de cet entretien ?

Le thérapeute doit faire preuve d’une écoute totale de son consultant. Il doit être « tous sens dehors », c’est-à-dire se montrer ouvert à tous les possibles, quels que soient les moyens utilisés par le consultant pour s’exprimer. S’il est essentiel d’écouter le contenu du discours de la personne, la façon dont elle exprime ses idées, sa posture, son attitude générale, sa courtoisie (ou son manque de courtoisie) peuvent constituer des éléments qui montrent ce qui a du sens pour elle, quelles sont ses peurs, etc.

En tant que thérapeute, vous devez à la fois écouter, prêter attention à ces éléments et reformuler ce qui a été dit. Cette reformulation permet à la fois de vous assurer que vous avez compris votre consultant, mais cela permet aussi que ce dernier entende ce qu’il a dit et que le cas échéant il le corrige ou le précise. Vos interventions doivent toujours avoir comme objectifs d’aider votre consultant à avancer dans la clarification de ce qu’il vit.

En effet, la pensée est un processus avec un contenu qui chemine, une dynamique qui en elle-même fait déjà évoluer la personne. Une autre technique adaptée à cette écoute totale est de partager avec votre consultant ce que vous ressentez en l’entendant ; par exemple : « En vous écoutant, je ressens de la tristesse en vous ». Ensuite, libre à votre consultant de reconnaitre ou non cette émotion comme étant sienne :

  • dans le cas où il ne la reconnaîtrait pas, cette intervention vous permettra de l’inviter à explorer son émotion pour la nommer.
  • dans le cas où il la reconnaitrait, deux situations sont alors possibles ; soit cette émotion était connue de lui soit elle ne l’était pas et votre proposition lui permet d’en prendre conscience.

Enfin, des relances appropriées sont importantes pour favoriser l’expression de votre consultant, telle que :

  • répéter ses derniers mots, comme une invitation à en dire davantage,
  • l’interroger pour aller plus loin dans la réflexion (« Lorsque vous dites cela que ressentez vous ? » ; « Lorsque vous ressentez cela, à quelle autre situation pensez-vous ? »).

 

Quels en sont les bénéfices de l’utilisation de l’entretien centré sur la personne ?

Le premier bénéfice est la sécurisation de votre consultant. Votre consultant se sentira sécurisé car il est écouté, bien accueilli dans ce qu’il est, sans que chacun ramène la situation à lui comme cela peut être le cas dans son entourage (« Tu dis cela mais moi je crois que… »).  Au cours d’un entretien centrée sur la personne, il s’entendra plutôt dire : « J’ai entendu que vous disiez cela, est-ce bien cela ? ».

Le deuxième bénéfice est, qu’en étant ainsi accompagnée, la pensée chemine et l’analyse s’affine, laissant émerger l’expression de la pensée et des émotions. C’est la troisième voie, celle qui offre des perspectives.

Enfin, cette approche de la personne laisse place à tous les possibles y compris à l’expression de ce qui est parfois marqué par l’interdit, les conflits, le jugement. Ainsi libérée de tout jugement, la parole devient révélatrice et de plus en plus juste.

Une façon d’aborder les personnes qui peut être utile dans bien des domaines qui dépassent le cadre de l’accompagnement thérapeutique.

 

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La visualisation d’un cercle par le patient est un outil thérapeutique que j’utilise systématiquement dans mes accompagnements thérapeutiques. Sa puissance est chaque fois confirmée ; c’est pourquoi j’ai choisi de vous le partager ici, afin que vous puissiez à votre tour l’expérimenter et l’utiliser.

Il permet au thérapeute d’accompagner ses patients à prendre conscience de leur positionnement en tant qu’individu et ainsi de faire évoluer leur état psychologique et leur situation personnelle ou professionnelle.

 

Accompagner le patient à la prise de conscience pour faire évoluer sa situation

Cet outil d’accompagnement psychologique est un outil de visualisation facile à utiliser et qui permet de mettre en place des prises de conscience par le patient.

Dans un premier temps, il convient de placer le patient en position de relaxation profonde, de lui demander de fermer les yeux et d’imaginer un cercle autour de lui. Ensuite, de faire exprimer librement le patient sur la dimension qu’il donne à ce cercle et sur ce à quoi ressemble sa bordure.

La représentation du cercle exprimée par le patient peut déjà en dire beaucoup sur sa position personnelle vis-à-vis de la vie. En réalité cette représentation symbolise la position du patient par rapport à son aura, cette atmosphère immatérielle qui semble émaner d’une personne.

Il est essentiel de prendre en compte ce qu’exprime patient sur les éléments suivants :

  • la taille du cercle,
  • la délimitation du cercle représenté.

 

La position du patient par rapport à ses proches

Dans un second temps, il est demandé au patient d’imaginer ses proches (un parent, son conjoint ou son enfant par exemple) dans leurs cercles et d’exprimer à quelle distance du sien ils se situent. Cette visualisation permet de traduire la vision qu’a le patient de lui-même et de mieux comprendre sa position par rapport aux autres.

Cette technique permet à la fois de discuter de la position du patient par rapport aux autres dans sa sphère familiale (avec ses parents par exemple) ou de couple (avec son conjoint). Elle permet de révéler au patient des aspects de protection, de domination ou d’éloignement par exemple, d’en prendre conscience et de mettre des mots sur ce qu’il ressent.

Cet outil thérapeutique de visualisation peut également être utilisé dans le cadre de l’accompagnement psychologique des patients en souffrance dans leur cadre professionnel (dans des liés à de la frustration au travail, des difficultés liées au management ou bien encore de harcèlement moral, par exemple).

En résumé, il s’agit d’un outil d’une grande puissance que le thérapeute peut, dans un premier temps, expérimenter sur lui afin de mieux le percevoir. Il permet de travailler à la fois sur le ressenti et le besoin du patient et de mener à l’action pour faire évoluer sa situation.

Vous souhaitez en savoir davantage sur cet outil thérapeutique ? Découvrez-le en détails ici.

 

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Les différentes étapes d’une séance de Relaxation Profonde Active : du questionnement aux résultats thérapeutiques obtenus

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La Relaxation Profonde Active, comme son nom l’indique, est une technique de relaxation qui peut être utilisée dans tout accompagnement thérapeutique. Elle peut constituer une première phase d’introduction au début d’une séance avec vos consultants mais aussi être au centre de l’accompagnement thérapeutique proposé. C’est une technique qui va à la fois permettre à votre consultant de se détendre mais aussi de se concentrer sur ses ressentis afin de mieux s’ancrer dans sa séance. Au travers d’un exemple concret, nous allons voir ensemble les différentes phases du cheminement thérapeutique que vous pourrez construire avec vos consultants.

 

Prendre le temps de poser des questions à votre consultant
Dans un premier temps, il est important de démarrer cette phase de relaxation en douceur, un peu comme un funambule qui marche sur un fil.  En tant que thérapeute, commencez par poser des questions au fur et à mesure à votre consultant, comme on pose les pieds l’un après l’autre en reprenant l’équilibre entre deux pas. L’équilibre à trouver ici est de s’assurer auprès du consultant que le chemin suivi est juste pour lui. Pour cela il est nécessaire de l’interroger régulièrement sur ce qu’il ressent :

  • « Si je vous dis cela, que ressentez-vous ? » ;
  • « Dans la situation que vous décrivez, il y a deux questionnements possibles, celui-ci ou celui-là, lequel est le bon pour vous ? »
  • etc.

Dans cet état de relaxation profonde et d’écoute de ses sensations, votre consultant saura vous dire ce qui est prioritaire pour lui.

 

Des images absurdes pleines de sens
Pendant cette phase de Relaxation Profonde Active, les images qui viennent à l’esprit du consultant sont les siennes et elles ne sont pas neutres. Souvent lorsqu’elles peuvent leur paraître bizarres, les personnes peuvent se dire : « Qu’est-ce que je raconte ? C’est absurde ! ».

En tant que thérapeute, vous pouvez leur répondre que plus c’est absurde, plus c’est intéressant. En effet, l’image qui apparaît spontanément au consultant et son absurdité montrent qu’elle n’est pas le fruit de son raisonnement, mais bien d’une intuition, d’une perception hors du contrôle de la raison. Son émergence incongrue prouve toute sa pertinence. L’objectif étant d’en découvrir ensuite le sens.

 

Entrer en résonnance avec votre consultant
Parfois, face à certaines situations émerge un silence. Pas seulement un silence des mots mais un silence des sensations.
Par exemple, si vous demandez à votre consultant : « Où se situe dans votre corps ce que vous venez d’évoquer maintenant ? » :

  • soit la personne va vous donner une réponse, telle que : « Au niveau de ma gorge, c’est serré ».
  • soit la personne ne va pas vous donner de réponse car elle a l’impression de ne rien ressentir.

En tant que thérapeute, votre rôle est un peu comme celui d’un chercheur d’or : vous devez essayer de passer au peigne fin tous les possibles pour trouver LE possible qui va éclairer la situation et réveiller les sensations chez votre consultant.

Vous pouvez par exemple, interroger vos propres sensations et lui en proposer l’accès en lui disant : « Vous ne ressentez rien, mais j’ai de mon côté une sensation au niveau de la gorge ».
Si vous êtes en bonne résonnance avec votre consultant, il pourra peut-être vous répondre : « Ah oui moi aussi ! ».

Vous pourrez ensuite commencer à tirer le fil afin de l’amener à expliciter plus en détail ce qu’il ressent, comme dans l’exemple suivant :

  • (le thérapeute) Pouvez-vous me décrire la sensation dans votre gorge ?
  • (le patient) C’est lourd.
  • (le thérapeute) Comment est-ce lourd ? (ou bien « De quelle matière ? De quelle couleur ? » si on parle d’une autre sensation par exemple – il s’agit d’une question descriptive, et non interprétative).
  • (le patient) Comme une balle de ping-pong remplie de plomb.

 

La recherche du sens
Une fois la sensation identifiée, la quête de sens commence. Dans notre exemple ci-dessus, à quoi cette curieuse balle de ping-pong en plomb peut-elle se référer ?

  • (le thérapeute) Avez-vous déjà vu une balle de ping-pong de ce genre ? Ou bienAvez-vous déjà joué au ping-pong ?
  • (le patient) Oui j’ai beaucoup joué au ping-pong chez mon grand-père.
  • (le thérapeute) Avez-vous un souvenir particulier de ces moments chez votre grand-père ?
  • (le patient) :Oui ! Un jour, il y a eu un tournoi et mon cousin a été déclaré vainqueur alors qu’il avait triché.

Vous pouvez alors poursuivre l’investigation sur l’enfant que le consultant était au moment de cet épisode, sur ce qu’il a ressenti et lui demander si d’autres situations lui viennent à l’esprit en se rappelant celle-ci.

Dans cet exemple, le sentiment :

  • d’injustice,
  • de vulnérabilité,
  • ou encore d’impuissance

vont pouvoir émerger. L’émotion peut aussi submerger le consultant.

Toutefois, l’expression de ses émotions, des liens qui y sont associés, l’éveil à d’autres sensations peuvent déjà lui procurer un sentiment d’apaisement.
Interrogez-le alors sur « Comment est la boule de ping-pong maintenant ? ». En général, elle va lui paraître beaucoup moins lourde, voire plus lourde du tout. C’est là le sens qui a émergé à travers ce souvenir : la sensation dans la gorge parle de ses émotions, ses déceptions et des sentiments qui y sont rattachés.

 

L’identification du besoin du consultant
L’identification du traumatisme, de la blessure, permet ensuite d’accéder au processus de résolution.

C’est le moment d’interroger votre consultant sur ses besoins : « De quoi auriez-vous eu besoin à ce moment-là ? ».

Il est essentiel de demander à votre consultant de quoi il aurait eu besoin sans lui imposer une solution qui serait bonne pour lui. Il s’agirait alors d’un abus de pouvoir le dépossédant une fois encore du vécu lié à la situation traumatisante évoquée.

Lui seul connaît son besoin et c’est uniquement la réponse à ce besoin qui lui apportera du réconfort. En cela, chaque personne aura un besoin différent selon son histoire et sa sensibilité.

Dans cet exemple :

  • certains auraient eu besoin que la tricherie soit dénoncée,
  • d’autres auraient eu besoin d’être consolés,
  • d’autres encore auraient eu besoin d’être reconnus gagnants.

 

L’action apaisante comme mode de résolution du problème
Certes l’histoire est ancienne et votre consultant est devenu un adulte depuis qu’elle s’est produite. Toutefois, il faut considérer que si elle émerge à partir d’une sensation corporelle, cela signifie que le problème n’est pas résolu.
Finalement, la douleur est encore présente, comme tapie derrière des considérations sur le fait que c’est une histoire ancienne, assez secondaire, sur laquelle il n’est pas nécessaire de s’arrêter. Mais cela signifie surtout que les émotions qui y sont rattachées continuent d’agir sur le comportement de la personne.

Plusieurs modes de résolutions peuvent alors être proposés :

  • en tant qu’adulte, prendre soin de l’enfant que l’on était à ce moment-là, par exemple en le consolant, en reconnaissant que ce qu’il a alors vécu n’était pas juste, en le rassurant ;
  • s’il y a eu une injustice dans l’arbitrage, rendre symboliquement à l’adulte ce qui, à l’époque a été à l’origine de cette injustice (le grand-père, l’oncle, la mère…) la subjectivité de son jugement. Le consultant peut s’imaginer redonner à l’autre ce qui l’a blessé afin de ne plus en porter la responsabilité.

 

La validation de la solution obtenue
Au fur et à mesure du processus, et en particulier à la fin de celui-ci, il est important d’interroger votre consultant sur le devenir de la sensation qu’il a initialement ressentie« Comment est maintenant la sensation de balle de ping-pong lourde ? » Ou bien « Comment est votre sensation dans la gorge ? »

Lorsque la quête de sens, l’identification du besoin et l’action apaisante auront été perçues comme justes par votre consultant, la balle de ping-pong de l’exemple, sera soit :

  • moins lourde,
  • complètement disparue, s
  • différente, ouvrant la porte à une autre investigation.

Généralement chaque sensation amène son lot de souvenirs et d’émotions complexes, qui, résolues, laissent la place à l’apaisement.

 

Les résultats obtenus
Dans la situation évoquée dans l’exemple, l’objectif était d’accompagner ce consultant à apaiser suffisamment ses émotions intérieures pour qu’il puisse en toute liberté prendre la décision qui lui convenait. Ce qui est effectivement arrivé. Une solution prioritaire a émergé, une fois que les enjeux affectifs divers ont été identifiés (dont certains prenaient leur source dans de très anciennes situations).

Ainsi, on peut constater à quel point la Relaxation Profonde Active permet de réorganiser le souvenir et le traitement des émotions associées. Il peut même y avoir une réorganisation des traces mémorielles, qui peut se manifester chez le consultant à travers de manifestations corporelles telle que :

  • gargouillis,
  • mains qui chauffent,
  • bâillements,
  • etc.

Aussi surprenantes soient ces manifestations, elles sont souvent la preuve du mouvement en cours d’action pendant la séance. Un mouvement qui se poursuit en dehors de ce temps de séance. En étant actif, le consultant se replace au centre de son vécu ce qui lui redonne de la liberté et de l’autonomie.

Dans d’autres situations, les effets ressentis seront plus ou moins perceptibles tout en étant réels :

  • changement dans le mode de relation avec l’entourage,
  • baisse ou disparition de l’anxiété,
  • sommeil retrouvé,
  • réorganisation du système familial,
  • réouverture de dialogues,
  • baisse de l’agressivité,
  • reprise de confiance en soi,
  • etc.

En tant que thérapeute, il s’agit pour vous d’élucider et de soigner des traumatismes qui, tels des petites pierres discrètes, plombent les poches de la personne, l’empêchant d’avancer.

 

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Pour aller plus loin et pouvoir pratiquer la Relaxation Profonde Active vous pouvez contacter Aude de Villeroché

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