Comment comprendre et répondre à votre enfant de 2 ans qui dit « non » ?

Comment comprendre et répondre à votre enfant de 2 ans qui dit « non » ?

Les jeunes parents le savent bien : à deux ans, l’enfant a facilement tendance à dire « Non »… Toutefois, au lieu de vulgariser ce comportement, je leur conseille plutôt de le questionner : que signifie exactement cette opposition ? Que leur dit-elle sur leur enfant ? Des questions auxquelles je vais vous répondre ci-dessous.

Pour quelles raisons votre enfant dit-il « non » ?

Bon nombre de parents l’auront sans doute remarqué : l’anniversaire des 2 ans de leur enfant est souvent le début d’une phase au cours de laquelle il a tendance à refuser des choses, à dire « non » à longueur de temps, voire même à s’opposer à ses parents en hurlant et en faisant des colères.

Surpris et parfois dépassés, les parents ont tendance à réagir en supportant le comportement de leur enfant et en se disant que cela finira bien par passer. Cependant, en s’intéressant au sens que ce comportement peut avoir, le parent pourra y répondre de manière adaptée et ainsi de rétablir la paix et la quiétude au sein de la sphère familiale.

John Bowlby, célèbre psychiatre et psychanalyste britannique du XXème siècle, s’est intéressé à cette question et a développé une théorie dite « de l’attachement » dans laquelle il fait un lien entre ce comportement de refus de l’enfant et sa construction identitaire. Il explique en exprimant son refus par le « non », l’enfant cherche en fait à marquer sa différence avec les adultes.

Cette position renforce l’idée :

  • que l’adulte est perçu comme donneur de soins et référent aux yeux de l’enfant,
  • qu’il joue un rôle essentiel dans sa la construction de son identité, de sa personnalité.

L’adulte participe également au mode de négociation que l’enfant va utiliser entre son désir et celui des autres, à la régulation de ses émotions, au relationnel de l’enfant avec autrui.

En sachant cela, le « non » de l’enfant peut alors être perçu comme une expression d’affirmation dans sa construction identitaire et non plus comme une expression de son opposition. Ce qui va radicalement changer la réponse que ses parents vont alors pouvoir lui apporter !

Ainsi, quand leur enfant dit « non », ses parents peuvent se saisir de cette occasion pour :

  • prendre du recul face à la situation et de se montrer moins emporté dans leurs émotions,
  • aider l’enfant à prendre conscience de lui-même, de sa position sociale, de ses désirs, et permettre ainsi sa meilleure intégration dans les groupes sociaux auxquels il sera confronté tout au long de sa vie (crèche, école, vie affective, vie professionnelle, etc.).

Il est courant que les parents pensent que l’enfant qui dit « non » fait en fait un caprice ou une colère. Mais à deux ans, il faut savoir que l’enfant n’est pas encore en capacité de faire le lien entre ses actes, les réactions de ses parents et le pouvoir qu’il détient sur ces dernières. Il est encore trop autocentré pour manifester autant d’intentions dans ses prises de position.

Toutefois, il faut prendre en compte que le quotidien de la vie de famille peut être très perturbé par cette phase d’opposition qui peut se manifester pour tout et n’importe quoi :

  • la forme et la couleur du bol pour le petit-déjeuner,
  • le fait de donner la main à ses parents en allant à la crèche,
  • le choix du pantalon ou de la robe à porter dans la journée,
  • etc.

Des situations qui peuvent rapidement dégénérer et vous mettre, parents, dans le désarroi.

Comme nous l’avons vu plus haut, pour répondre à l’enfant, l’une des premières choses à faire est de se dire que cette opposition est en fait une affirmation de l’identité de l’enfant. La réponse a y apporter doit alors être choisie de façon stratégique. Je vous conseille :

  • de ne pas permettre à l’enfant de choisir entre plusieurs possibilités,
  • au contraire, de lui donner le choix tout en acceptant la possibilité qui aura été retenue par l’enfant.

 

Comment éviter le refus systématique de l’enfant au quotidien ?

L’une des stratégies à adopter va être de ne pas permettre à l’enfant de choisir en lui imposant une situation à laquelle il devra se conformer. Par exemple, en disant : « Tes vêtements sont sur ton lit » ou encore « Ton couvert est mis, tu peux commencer à manger ». En disant cela, l’enfant n’aura pas l’occasion de dire ce qu’il en pense et de dire s’il est d’accord ou non.

Vous pouvez également permettre un « semi-choix » à votre enfant. Au lieu de lui demander son avis sur une activité par exemple : « Veux-tu aller promener au parc ? », donnez-lui le choix entre deux possibilités : « Nous allons au parc. Préfères-tu aller voir les cygnes ou aller faire de la balançoire ? » Ainsi, votre enfant pour s’exprimer sans forcément s’opposer.

Certaines situations peuvent être compliquées à gérer. Dans ces cas, je vous propose quelques solutions pour maintenir la paix dans votre foyer et une relation constructive avec votre enfant. En fonction de ce que vous attendez de la part de votre enfant, choisissez la formulation adaptée :

  • si votre enfant dit « non », demandez-vous s’il est essentiel que vous demeuriez ferme sur votre position ou non. Si vous changez d’avis, expliquez alors à votre enfant qu’elles en sont les raisons. Vous lui montrerez ainsi que changer d’avis ne signifie pas pour autant perdre son identité. Vous pourrez également lui expliquer la motivation de votre changement de position : « Très bien ! Je suis d’accord pour que tu portes le pull bleu au lieu du vert si c’est ce que tu souhaites. Tout compte fait il ne fait bon aujourd’hui, le vert serait peut-être un peu trop chaud pour la saison. ».
  • vous pouvez aussi comprendre et accepter un désir de l’enfant en ajoutant : « Je crois que tu me demandes de la brioche au lieu d’un bol de céréales parce que tu n’aimes pas beaucoup ces céréales …».
  • vous pouvez bien sûr vous opposer à une demande de votre enfant en expliquant le motif de ce refus : « Tu dois me donner dans la main parce que je ne veux pas prendre le risque que tu glisses sur le trottoir et que tu te fasses mal. ».
  • ou bien encore verbaliser ce que l’enfant ressent : « Je crois que tu es en triste car tu aimes bien jouer avec ton copain et que tu ne veux pas le laisser. Mais là, il est tard, nous devons rentrer à la maison pour préparer le dîner. ».

Si l’enfant se met en colère, la réponse à apporter sera plutôt de le renseigner sur ses émotions plutôt que de justifier si on doit acheter ou non tel ou tel chose, en disant par exemple : « Tu es en colère. » ou « Je crois que tu es fatigué alors du coup tu es énervé parce que je te dis non », ou encore « Il me semble que tu as faim, nous allons rentrer à la maison prendre un goûter et ensuite nous verrons ce que nous ferons. »

Ainsi, en choisissant d’adopter telle ou telle posture, vous allez montrer à votre enfant que vous n’avez pas « peur » de ses réactions. Pour cela, vous devez avoir confiance en vous et en votre légitimité. Vous n’aurez alors pas besoin que votre enfant vous obéisse en tout point pour vous rassurer sur votre autorité parentale. Vous pourrez alors :

  • ouvrir le champ des possibles à votre enfant,
  • faire des propositions et être maître de la situation,
  • permettre à chacun d’être gagnant/gagnant (vous réalisez un projet familial/votre enfant affirme son identité par le choix entre deux alternatives proposées),
  • enrichir la capacité de votre enfant à s’affirmer autrement qu’en disant non et ainsi de développer son mode de pensée.

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Parcours de thérapie : pour un « lendemain de séance » serein et constructif

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En tant que patients qui consultez des experts du mieux-être (sophrologue, psychologue, etc.), vous pourrez être amenés à vivre ce qu’on appelle le « lendemain de séance » d’une thérapie. Un moment important sur lequel il est important d’être informé et alerté. Plus de détails dans l’article ci-dessous.

La fatigue souvent présente le lendemain d’une séance de thérapie 

Lorsqu’une personne décide d’entrer dans un parcours de thérapie, cela implique un travail très approfondi sur elle-même. Ses émotions peuvent s’en trouver bousculées et une phase de réorganisation intérieure peut alors se produire. Cela induit souvent beaucoup de fatigue ressentie par le patient.

Afin d’en éviter tous les désagréments, il est préférable d’en être prévenu en amont par son thérapeute.

Vous pourrez ainsi :

  • ne pas vous sentir affolé par cette sensation,
  • y faire face le plus positivement possible,
  • vous l’approprier comme un temps de réadaptation intérieure

Être prévenu de cette potentielle fatigue pour mieux y faire face

En tant que patient, il est essentiel de communiquer avec votre thérapeute à propos de cette fatigue de « lendemain de séance ». En effet, cette sensation a une grande importance dans le sens où elle peut influer sur la poursuite du travail thérapeutique dans sa globalité, et initié au cours de la séance de la veille.

Sans en être prévenu ni préparé, vous allez peut-être réagir en force, en vous obligeant à poursuivre votre journée telle que vous l’aviez initialement prévue. En adoptant ce comportement, vous risquez de vous malmener et de vous sentir coupable si vous n’arrivez pas à faire tout ce que vous aviez prévu de réaliser. Un sentiment de culpabilité destructeur pour le travail thérapeutique que vous avez choisi d’initier.

En revanche, si vous avez anticipé cette phase et que vous y êtes préparé, vous serez alors en mesure de l’accueillir en y voyant un signe que quelque chose d’important est en train de se passer. Vous pourrez vous rassurer en vous disant que vous finirez par aller mieux dans peu de temps et qu’il ne s’agit que d’une phase de réajustement intérieur.

 

Dialoguez avec votre thérapeute

N’hésitez pas à aborder le sujet avec le praticien qui vous accompagne et à échanger avec lui tout au long de votre parcours de thérapie. Si vous en ressentez le besoin, contactez-le au lendemain d’une séance afin de lui faire part de votre état ou de votre inquiétude.

Ce sera l’occasion :

  • qu’il vous explique qui se passe, de revenir sur des éléments vu au cours de la séance de la veille,
  • qu’il vous donne les clés pour comprendre vos ressentis,
  • qu’il vous aide à traverser cette phase d’inconfort, qui finira par s’estomper.

Quoi qu’il en soit, ce moment d’échanges ne pourra être que bénéfique. Il vous permettra d’avancer dans votre parcours thérapeutique.

Il vous apportera des réponses afin de mieux appréhender une notion clé au cœur de la thérapie, à savoir, comment gérer le changement ?  En effet, il est essentiel de comprendre que lorsque vous consultez un spécialiste du mieux-être, vous souhaitez avant tout modifier des aspects de votre existence qui ne vous satisfont pas. Ces aspects vous les connaissez bien !

Mais pour aller mieux, il vous faut garder à l’esprit que vous allez certainement devoir vous confronter à l’inconnu, vivre des choses différentes de celles qui vous sont familières et qui vont peut-être vous inquiéter.

Aussi, en amont du démarrage de toute thérapie, il est primordial que vous ayez à l’esprit :

  • que vous allez vivre un certain nombre de changements,
  • que vous allez peut-être ressentir de la fatigue au lendemain d’une séance avec votre thérapeute,
  • que cela est parfaitement normal et que cela fait partie du chemin que vous allez parcourir pour atteindre un mieux-être intérieur,
  • que cette phase vous permettra d’accéder ce que vous souhaitez réellement réaliser dans votre vie.

N’hésitez pas à en parler avec votre praticien !

Bonne(s) séance(s).

 

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Favoriser la confiance et l’estime de soi du bébé par la construction de sa sécurité intérieure

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Le bébé commence à apprendre la vie dès sa naissance. Une vie rythmée par ses besoins physiques tels que le sommeil ou encore la faim ; besoins qui lui permettent aussi d’expérimenter la manière dont ils sont satisfaits et de voir qui y répond. L’enfant commence alors à développer un attachement tout particulier à la personne qui s’occupe de lui. Cet attachement va l’aider à construire sa sécurité intérieure, essentielle à sa croissance et à son développement et à la construction de la sécurité intérieure du bébé.

 

La relation innée entre la mère et l’enfant

On sait que l’enfant sait trouver le lait de sa mère et téter dès sa naissance. De la même façon, il va développer des capacités d’attachement viscérales en identifiant très rapidement la personne qui est à même de satisfaire ses besoins.

Un nouveau-né est tout à fait capable de ramper sur le ventre de sa maman afin d’atteindre le sein qui va le nourrir. Le bébé a certes des attentes et des besoins, mais il est aussi porteur de nombreux potentiels et savoir-faire que l’adulte va accompagner tout au long de sa croissance au travers d’une relation qui est interactive. Il peut arriver que certaines mères ressentent de la détresse parce qu’elles ont l’impression de ne pas savoir reconnaître les besoins de leur bébé. C’est comme si elles ne détenaient pas le savoir nécessaire. Il ne faut pas s’inquiéter ! Ce savoir s’acquière et il est surtout basé sur leur écoute d’elles-mêmes en tant que mamans et sur l’écoute de leur bébé.

 

Comment se construit la sécurité intérieure du bébé ?

Le bébé ressent de besoins qu’il va exprimer par les pleurs, les cris voire de la colère. Il crie, il hurle, il pleure, il transpire et devient tout rouge si personne ne fait rien pour lui répondre.  Il faut dire que ce petit être n’est pas en capacité de relativiser comme le ferait un adulte.  En pleurant et en criant, il exprime avant tout sa détresse. Il dit à sa façon à quel point il est débordé d’émotions par rapport à ce qu’il ressent physiologiquement. Et face à cette situation seul l’adulte est en mesure de le soulager. Ça n’est pas de la comédie ! Le bébé détient en effet un savoir inné et totalement incarné : il sait que l’on va s’occuper de lui. Et dès lors, il se calme. Une interaction réciproque et riche de cet échange de soins et d’affects se met en place avec l’adulte qui va prendre soin de lui. Ce dernier se positionne alors en tant que référent, donneur de soins essentiels. C’est pourquoi le bébé va s’adresser à lui en priorité.

En tant qu’adulte, il est essentiel de se rappeler que le bébé ne peut exprimer son mal-être physiologique (il a froid, il a sommeil, il a faim, etc.) que par les pleurs ou les cris, ce qui peut parfois être perçu comme une forme de violence. Mais c’est aussi reconnaître que tout petit ou grands nous détenons tous en nous une forme de violence. Par exemple, un parent peut être confronté à sa propre violence quand il se sent totalement démuni face au comportement de son bébé. Ainsi, l’adulte va s’occuper du bébé non seulement pour le protéger mais aussi pour se protéger lui-même du désagrément causé par les cris ou les pleurs.

L’adulte peut aussi répondre aux besoins de l’enfant en exprimant oralement ce qu’il vit : « Quel beau bébé qui a le sourire aujourd’hui ! », « Oh tu cries ! Je sais que tu as mal à ton petit ventre. Je vais te masser, ça te fera du bien. ». Ces paroles peuvent paraître anodines mais il n’en est rien ! Elles ont même une grande importance pour la construction de l’enfant. En effet, elles permettent de transmettre à l’enfant les capacités à s’approprier ses propres compétences de sécurité intérieure.

L’enfant met environ 9 mois pour bien identifier et créer une relation avec l’adulte référent qui va prendre soin de lui.  Il ne faut pas craindre certaines situations de séparation (une hospitalisation dès la naissance par exemple) qui pourraient survenir : elles ne sont aucunement dramatiques dans la construction du lien affectif entre l’enfant et ses parents.  Encore moins si les personnes qui se trouvent alors dans l’entourage du bébé (le personnel médical par exemple) respecte ce lien, le reconnaisse et le favorise.

 

Aider l’enfant pour qu’il construise sa propre sécurité intérieure

Construire sa propre sécurité intérieure est essentielle au développement de l’enfant.  Pour l’y aider, l’écouter et mettre en mot ce qu’il ressent va lui permettre de la construire.

Par exemple si l’enfant est triste, l’adulte peut accueillir cette émotion en lui proposant, par des mots, une solution de sortie de cette émotion négative : « Oui, je sais que tu es triste parce que Maman est partie. Je vais te prendre dans mes bras et on va rester ensemble tous les deux. Je ne suis pas ta maman mais tu peux apprendre à te sentir sécurisé avec moi. »

Autre exemple d’un enfant qui éprouverait le besoin d’un câlin de la part de ses parents mais au milieu de la nuit. Certes, cela peut être dérangeant de voir son sommeil chahuté, mais il faut savoir que c’est un temps nécessaire pour que l’enfant se sente en sécurité.

Il existe également d’autres moyens de rassurer son enfant comme par exemple, de lui donner un foulard avec l’odeur du papa ou de la maman ou encore de lui mettre à disposition ses doudous.

Ainsi, toutes les actions que les parents pourront mettre en place afin de favoriser la sécurité intérieure du bébé participeront à la fois à son estime de lui-même et à la construction de sa confiance en lui.

 

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Bébé, l’enfant s’attache à l’adulte qui prend soin de lui de façon prioritaire. Il développe par ailleurs ses capacités motrices qui lui permettent de s’en approcher comme de s’en éloigner. Vers l’âge de 9-10 mois, il commence à explorer son environnement en ressentant une sécurité intérieure plus ou moins importante. En effet, ce sentiment de sécurité est lié à la qualité de l’attachement qu’il continue à développer avec les adultes référents qui font partie de son entourage. Mais comment développer son autonomie en toute sérénité et que les séparations enfant/parents ne tournent pas aux crises de larmes ?

 

Développer l’autonomie de l’enfant en le rassurant

Au-delà de 9 mois, l’enfant peut aisément repérer qui est le « donneur de soins » dans son environnement familial ; qui est la personne qui va lui apporter un sentiment de sécurité en répondant à ses besoins physiologiques primaires. A cet âge-là, l’enfant va également développer des besoins affectifs. Par exemple, il ne va pas aimer rester seul et va souvent demander la présence d’un adulte autour de lui. Cet adulte dit « référent » est en fait une base de sécurité pour l’enfant : il s’agit de la personne à qui il va s’adresser lorsqu’il se trouve en situation d’inconfort.

Un enfant qui crie lorsqu’on s’éloigne de lui ne joue pas forcément la comédie. Il exprime en fait sa détresse et son besoin intérieur d’être rassuré. C’est ainsi qu’il retrouvera sa sécurité intérieure et pourra à nouveau s’éloigner des adultes qui l’entourent et reprendre ses explorations. C’est par étapes successives qu’il va pouvoir prendre de la distance ; en étant rassuré sur son potentiel et ses capacités.

Le mettre en condition dans la durée pour favoriser sa sécurité intérieure et développer l’autonomie de l’enfant

Prenons par exemple, ce petit garçon âgé de 20 mois. Ce dernier est déposé à la crèche d’une station de ski où toute la famille séjourne pour les vacances. Il s’agit là d’un lieu inconnu totalement de ses parents et de lui. Dans la salle de jeux, ce petit garçon voit un magnifique camion bleu. Il se rue littéralement sur le jouet, tout émerveillé par l’objet et ne fait plus du tout à ses parents restés dans le couloir. Ces parents sont très surpris : ils s’attendaient en effet à une séparation difficile.

Par cet exemple, on se rend compte que la réaction de l’enfant est un signe fort de son sentiment de sécurité intérieure. Il ne se pose aucune question, s’empare de l’objet de son désir et de son attention sans nullement s’inquiéter. Ses parents peuvent ainsi repartir rassurés. Ils ne sentent pas coupables de l’avoir laissé ayant constaté que leur enfant est dans un environnement qui lui convient et dans lequel il a tout de suite trouvé un centre d’intérêt.

Au travers de cette scène de vie, on constate les effets des nombreuses étapes de développement de l’enfant qui ont eu lieu dans les mois précédents. Il faut savoir que ce petit garçon était déjà gardé en crèche dès l’âge de 10 mois. Une période pendant laquelle la séparation avec ses parents a été très accompagnée et ainsi facilitée. D’où une facilité à gérer les situations de séparation à 20 mois.

Dès qu’il a été gardé en crèche, la maman du petit garçon a pris soin de toujours lui expliquer la situation présenteCe matin, Maman t’emmène à la crèche. Voilà ton doudou. Tu peux le déposer dans ton panier quand tu le souhaites. Prends ton temps. » comme la situation future (« Je reviendrai te rechercher cet après-midi après ta sieste. »).

Le fait d’expliquer ce qui se passe ou ce qui va se passer à son enfant, va non seulement créer du lien entre l’enfant et les personnes présentes dans son entourage présent mais aussi favoriser son autonomie. C’est en lui donnant la possibilité d’agir sur la façon dont il va gérer la séparation avec son parent (par exemple, la durée pendant laquelle il va garder son doudou ou non) que l’on va y voir un indicateur de son niveau de sécurité intérieure.

La maman confiait ensuite son enfant à une personne en particulier, pas nécessairement toujours la même. L’intention était de ne pas brusquer la séparation entre elle et son petit garçon. En effet, mieux vaut ne pas simplement déposer son enfant et repartir immédiatement en le laissant se débrouiller seul pour créer du lien avec les personnes (adultes ou enfants) déjà présentes.

Il est vrai que de nos jours, les parents ont souvent une vie professionnelle chargée et intense. Certains pensent qu’ils n’ont pas le temps de faire cette mise en condition de leur enfant ou même que cela va même leur faire perdre du temps (par exemple, en les obligeant revenir auprès de leur enfant si la séparation s’est mal passée). C’est tout le contraire ! Comme nous avons pu le voir dans l’exemple donné ci-dessus, si la mise en condition de l’enfant est réalisée de façon adéquate, va leur faire gagner de l’énergie et du temps !

Le rassurer lorsqu’il s’éloigne de ses parents pour développer l’autonomie de l’enfant

Prenons l’exemple d’un autre enfant qui avait des difficultés à demander ce dont il avait besoin aux assistantes maternelles de la crèche.  Sa maman avait trouvé une solution afin de renforcer son sentiment de sécurité intérieure. Lorsqu’elle le déposait à la crèche, elle devait rester à l’extérieur de la salle de jeux. Elle lui expliquait alors : « Imagine-toi que nous sommes tous les deux liés par une corde autour du poignet et que je tiens avec cette corde. Va voir cette dame là-bas et demande-lui ce que tu veux. Ensuite, tu reviendras vers moi. » L’enfant hésitait un moment puis montrait sa main comme s’il tenait la corde imaginaire et allait demander ce dont il avait besoin avant de revenir auprès de sa mère. Voici un bel exemple qui montre que l’enfant est tout à fait en capacité de s’éloigner tout en gardant le contact avec son parent.

Aussi, en tant que parents et pour développer l’autonomie de votre enfant :

  • adoptez le même rythme que votre enfant,
  • soyez conscients que lorsqu’il demande à être proche de vous, il s’agit d’un besoin qu’il essaie de combler,
  • montrez-vous créatifs afin de lui donner les moyens de développer son autonomie.

Vous avez besoin de vous faire aider dans votre démarche éducative ?

Prenez rendez-vous avec Aude, qui vous accompagnera avec la formule « Donner du sens« 

 

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Mes enfants n’arrêtent pas de se disputer quand on part en vacances… que faire ?

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Ah…le temps de vacances…le soleil, la mer ou la montagne, le farniente… Vous attendez cela depuis des mois ! Mais avant de goûter à tous ces plaisirs, il y a l’épreuve du trajet avec vos enfants jusqu’à votre lieu de vacances. Un moment que vous redoutez car vous ne savez pas comment les enfants vont se comporter. Vous avez pourtant tout prévu : films à regarder, jeux, goûter, etc. mais vous savez aussi qu’un trajet long peut être l’occasion de disputes entre vos enfants sur le chemin des vacances.

Vos enfants sont prévenus, mais cela ne se passe pas toujours comme vous l’aviez prévu. Lorsque les enfants commencent à chahuter et à se disputer à l’arrière du véhicule, les parents s’agacent à l’avant, et le voyage n’est plus du tout une partie de plaisir. A tel point que certains parents renoncent même à certains projets de voyage. Quelles astuces et solution pour gérer ces situations de conflits et rendre le voyage agréable pour tous ?

 

Pourquoi les enfants se disputent-ils ?

De manière générale, les disputes sont souvent liées au mode de fonctionnement des uns et des autres et à leurs tempéraments. Elles sont souvent en lien avec une insatisfaction des besoins primaires des individus (fatigue, ennui, faim, etc.). Ainsi, l’enfant peut éprouver une sensation de malaise qu’il ne peut expliquer, ce qui génère du stress. De ce fait, se disputer avec sa sœur ou son frère devient un divertissement au final ! S’opposer à l’autre l’occupe et permet d’attirer l’attention de ses parents, mais aussi d’obliger la famille à faire une pause, mais qui au final ne fera que repousser l’heure d’arrivée à destination.

De plus, dans certaines familles, se disputer est en fait devenu une façon de communiquer entre les enfants voir même entre tous les membres de la famille. Et si, en plus, la famille décide de faire un road trip pour les vacances, le temps passé tous ensemble s’accumule avec une promiscuité de tous les instants. Ces éléments vont alors accentuer certains comportements des enfants et, plus largement, remettre en question le mode de fonctionnement familial et les attentes de ses membres.

Par exemple, un enfant qui a l’habitude de s’exprimer par le conflit a peu de chance de changer son comportement d’un coup, comme par magie ! A moins que ses parents n’apportent du sens à son mode d’expression.

 

L’intervention précoce des parents comme solution aux disputes des enfants

Parents : prenez du recul ! C’est la première chose à faire lorsqu’une dispute se produit. Soyez créatifs dans la réponse que vous donnerez aux situations conflictuelles en les considérant comme normales et finalement assez banales : ces disputes ne sont pas dirigées contre vous, ni même totalement contre la sœur ou le frère. Elles ont un sens qu’il vous faut comprendre.

Observez attentivement l’élément déclencheur de la dispute et à quel moment elle se produit. Répondre à l’objet du conflit ne suffira pas toujours à calmer les choses. En revanche, apporter du sens au conflit va davantage vous aider.

Prenons l’exemple de vacances sous la forme d’un road-trip de plusieurs jours voir même de plusieurs semaines. La maman de Malo et Quentin avait remarqué que ses enfants commençaient à se disputer de façon systématique 2 heures après le déjeuner. La solution : avoir toujours de quoi goûter et proposer un encas à ses garçons dès que le ton commençait à monter. Et cela a fonctionné ! Le goûter était certes un peu tôt mais elle avait compris que le métabolisme de ses enfants exprimait son besoin dans la dispute et ce, sans élément déclencheur apparent.

Pour cela, n’hésitez pas à intervenir au plus tôt avant que la situation ne dégénère et devienne impossible à calmer.

Dans cet exemple, le conflit était provoqué par un besoin physiologique des enfants. Mais de manière générale, pour calmer les conflits, il convient d’adapter vos réponses, non pas à l’événement, mais à ce qui le provoque. Par exemple : au lieu de dire « Laisse ton frère tranquille ! » (ici le sujet de la dispute), il vaut mieux dire « Je pense que tu embêtes ton frère car tu as soif/tu es pressé d’arriver/tu as faim …  » (ici le motif de la dispute) et compte tenu du motif,  proposer la solution adaptée. Par exemple « Dans ce cas, bois un peu d’eau/prends ton goûter/repose toi »…

L’important est que vous interveniez suffisamment tôt dans la dispute afin que, ce qui était peut-être au départ une provocation, ne devienne pas une situation impossible à gérer !

 

Il existe une autre catégorie de conflits, qui peuvent être attribués à des besoins psychologiques : les disputes liées à la jalousie par exemple. En effet, la situation d’un voyage long peut parfois entraîner une crainte de perdre son identité :

L’enfant peut se poser ce type de questions :

  • « Est-ce que ma différence par rapport à mes frères ou sœurs est bien prise en considération ? »
  • « Ai-je bien toute ma place dans la famille ? »

Le piège serait de croire que vous pouvez donner la même chose à chacun de vos enfants et que l’apaisement du conflit va résider dans cette équité. Déjà, il faut savoir que les enfants évaluent ce qui se passe de façon totalement subjective. De plus, les besoins de chacun de vos enfants sont différents. Votre stratégie doit s’inscrire dans la durée : vous ne révolutionnerez pas les ressentis de vos enfants au cours d’un trajet qui est lui-même source de tensions.

Responsabilisez les enfants entre eux : chacun se sentira important à sa manière. Oubliez l’idée que vous êtes la seule personne en capacité de résoudre une difficulté que les enfants sont les seuls à poser. Pour être équitable, adaptez les offres faites à chacun des enfants selon leur âge et leur tempérament. Félicitez-les et remerciez-les lorsque l’un d’eux fait quelque chose de bien pour un autre.  Vous pouvez tout à fait confier une tâche à votre aîné pour son petit frère, mais aussi du petit frère vers son aîné.

 

Sachez également que les tensions psychologiques peuvent aussi naître du fait d’éléments extérieurs à la relation entre frères et sœurs, même si elles s’expriment, dans ce moment précis du trajet sous la forme d’une dispute entre les enfants.

Par exemple, vos enfants peuvent être très heureux de retrouver leurs grands-parents, tout en ayant peur de la façon dont cela va se passer :

  • votre enfant est content d’être en vacances mais il redoute de ne plus voir ses copains pendant plusieurs mois,
  • votre enfant veut ci mais il a peur de cela…

Il existe de nombreux exemples. Avoir en tête ces ambivalences vous permettra de leur apporter la réponse adéquate, celle qui dépasse le « Laisse ton frère tranquille ! », au profit, de « Que dirais-tu de voir un tel ? », « Es-tu heureux de voir la mer, retrouver ton vélo ? » ….

Un exemple qui complète l’idée que communiquer est essentiel et que même la « méta-communication », c’est-à-dire de ne pas forcément discuter de la situation mais de ce qui la provoque, est importante.

 

 Communiquer et discuter pour apaiser les tensions

Dans les différents exemples donnés, on retient que ce qui est important est d’établir une relation dans les deux sens, entre vous et vos enfants ou entre les enfants eux-mêmes. Cela va permettre :

  • d’apporter du sens,
  • d’exprimer ses émotions, ses joies, ses peurs,
  • de calmer les tensions,
  • de discuter calmement et librement des activités des uns et des autres,
  • que chacun soit partie prenante d’un projet familial et pas seulement en posture de consommation.

Au quotidien, quoi qu’il en soit, il est plus constructif d’accompagner ses enfants à prendre conscience de ce qui créé des disputes et de quelle façon les résoudre plutôt que de leur reprocher de se chamailler sans en comprendre les motifs. Ainsi, les enfants une fois adultes sauront mieux communiquer et gérer leurs désaccords potentiels.

 

Passez de bonnes vacances en famille !

 

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4 étapes incontournables pour aider des personnes victimes de harcèlement

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Le harcèlement est un thème récurrent d’articles et de discussions. Il est à prendre au sérieux au même titre que de la maltraitance.
Sa gravité n’est pas liée à la gravité des actes posés. Ceux-ci sont généralement anodins, mais à leur fréquence et à leur répétition dans la durée. C’est parce que ces actes sont anodins qu’il est difficile de les arrêter car difficile de les punir quand ils sont pris isolément.

Lorsque je travaille avec des personnes victimes de harcèlement, il y a plusieurs étapes incontournables :

1. Identifier en quoi ces actions apparemment bénignes sont du harcèlement.
2. Assurer la sécurité de la personne ; en l’invitant à s’écarter des personnes toxiques, ou en faisant intervenir des adultes lorsque les actions se passent dans le cadre scolaire.
3. Apprendre à la personne à se faire respecter en posant des limites et en les affirmer ces limites.
4. Aider à reconstruire son estime d’elle-même, en reprenant conscience de ce qu’elle est , de ce qu’elle aime faire, de ses talents propres, afin de pouvoir de présenter à l’autre consolidée par cette assurance intime.

Aucune de ces étapes n’est simple à mettre en œuvre, et chacune présente une urgence propre.

1. Identifier

Identifier qu’il s’agit bien de harcèlement, c’est aussi prendre conscience de sa propre vulnérabilité. Admettre que l’autre peut ne pas vous aimer, quand bien même rien de concret ne le justifie.
Le risque est alors d’atteindre plus profondément la confiance en soi. Ou bien de bloquer la personne dans une situation de victime.

2. Assurer la sécurité des personnes

Assurer la sécurité des personnes en intervenant est délicat. Un harceleur ne souhaite pas se reconnaitre comme tel. Il est pris dans un système pervers de négation des souffrances de sa victime. Se reconnaitre lui-même comme harceleur revient à voir en lui son côté noir, et à atteindre sa propre confiance en lui-même, voire à se confronter à ce qu’il n’aime pas en lui. Impossible.

Il va donc réagir non pas par l’excuse, mais par la négation des faits, voire par la surenchère. Il va donc reprocher à la victime sa « susceptibilité », le fait de l’avoir « dénoncé » le fait d’être « faible » etc…

  • Dans le cas de harcèlement au collège ou au lycée, seule la fermeté des adultes peut faire stopper le harcèlement.
  • Dans le cas d’un harcèlement au travail, la situation est encore plus délicate car il y a des enjeux de management, de carrière, ou juste de possibilité de maintenir une activité professionnelle.
  • Il existe aussi des situations de harcèlement dans le cas de la séparation de couples. Il y a un harcèlement direct : envoi de messages, d’insultes, multiplication des procédures juridiques… Il y a aussi un harcèlement plus subtil, mais tout autant dévastateur, en accusant l’autre de ce que l’on fait soi-même, en diffamant son ex-conjoint, il y a création d’un vide autour de lui, qui constitue une forme subtile de harcèlement.

>> Dans le cas d’un harcèlement au collège il n’est pas rare que ce soit la victime qui finisse par quitter l’établissement. Notamment si l’autorité représentée par les adultes n’a pas mis les limites nécessaires. Un enfant ou un jeune en construction est a priori capable de modifier son comportement si les limites sont posées.

> Dans les deux autres cas c’est aussi une autorité supérieure qui devrait intervenir, bien qu’elle soit plus difficile à définir ou à mettre en œuvre que dans l’exemple du collège (supérieur hiérarchique, ressources humaines, ou bien justice).

Cependant, le harceleur étant souvent le plus habile verbalement, c’est souvent une fois de plus la victime qui s’efface. D’où l’importance d’accompagner la personne à se faire respecter par elle-même.

3. Apprendre à la personne à se faire respecter

Apprendre à la personne harcelée à se faire respecter, et retrouver l’estime de soi, relève généralement d’un travail psychothérapeutique, mais le rôle des proches est essentiel.
Pour mettre des limites il faut reconnaître où sont ses limites. Et ce qui généralement est une des plus grandes difficultés des victimes de harcèlement. Soit par manque initial de confiance en elle, soir par ignorance, soit parce que leur naturel aimable et ouvert les empêche de discerner l’excès, elles se laissent emmener à une sorte de point de non-retour où il devient extrêmement difficile pour elles de poser le stop qu’il est nécessaire de poser.

Au-delà de l’accompagnement psychologique, la personne a besoin de ses proches pour l’aider à discerner qui elle est, et en quoi son avis est important.La force des harceleurs est puisée dans la faiblesse de la victime. Bien souvent ils s’emparent de la place que la victime leur laisse, à son insu.Il s’emparent aussi de la tendance de la victime à vouloir faire plaisir, ou bien à rechercher la paix par le silence, hors « qui ne dit mot consent ». La seule réponse possible est une affirmation de soi, qui vient de sa propre légitimité retrouvée à ne pas se laisser faire, et à comprendre que sans cela, l’autre ne s’arrêtera pas. On est pas harcelé car on n’a pas de valeur, on est harcelé car l’autre est dans la recherche de pouvoir, et d’estime de lui-même puisée dans l’écrasement d’autrui et l’affirmation d’une fausse identité, mais reconnue par le groupe.

Plus la personne se démarque du groupe, en revanche, plus elle risque de se faire ennuyée par celui qui est déstabilisé par son originalité, et la force de caractère que présuppose cette autonomie. Généralement les personnes qui se font harcelées ignorent que leur force, leur identité propre est la source de cette agressivité, et croient au contraire qu’elles ne sont pas à la hauteur, et recherchent donc une reconnaissance que l’autre n’a pas l’intention de leur donner. Il faut apprendre à s’aimer soi-même…

Accepter d’interroger les processus de harcèlement est accepter que tout le monde n’est pas dans la bienveillance et dans le respect des identités de chacun, c’est aussi accepter le vide identitaire de personnes qui ne survivent psychiquement que dans des relations de conflits. La victime doit alors accepter l’idée, je devrai dire en premier lieu, concevoir, que le conflit généré par l’autre n’est en aucun cas lié à elles-même, mais est juste le besoin vital de l’autre d’exister par et pour le conflit, voire la victimisation.Elles sont la cibles d’une antipathie créée de toute pièce par une personne frustrée , et généralement frustrée d’elle-même. D’où la complexité pour mettre fin à ce conflit.

Le travail thérapeutique consiste à éclairer les enjeux psychiques des uns et des autres, à faire accepter à la personne harcelée qu’elle n’est pas responsable de l’agressivité de l’autre, qu’elle ne doit pas en attendre un changement d’attitude pour que le choses bougent, mais mettre en place les réponses adaptée qui feront bouger les choses : Désintérêt pour l’autre, capacité à ne pas se laisser envahir et à ruminer face à chaque attaque, création d’une distance émotionnelle, et d’une distance émotionnelle énoncée (voir par exemple la vidéo « Ces mots là je te le rends« ). Refuser de prendre à sa charge les collages identitaires négatifs que l’autre assigne (« tu es nul », « tu es moche », « personne ne s’intéresse à toi », « tout mon malheur vient de toi », « tu ne t’y prends pas bien », « tu ne sais rien faire »…. )

Se faire respecter de l’autre, passe par se respecter soi-même, identifier que l’on est digne de respect.

4. Aider à reconstruire

Pour aider votre enfant à retrouver sa légitimité, il y a une posture à prendre : Dans le moindre des actions de la vie, poser la question « qu’en penses-tu » « quel est ton avis » « que préfères-tu ? » tous ces petits moments réapprennent à la personne à se réaffirmer. C’est parfois très laborieux car justement la confiance en son identité est mise à mal, mais c’est nécessaire.

Poser un stop pour la personne harcelée, c’est aussi prendre le risque dans un premier temps d’une agressivité plus forte. Il n’y a pas de règle immuable car cela dépend des personnes en jeu. Généralement le harceleur va venir tester la solidité de celui qui « ose » d’un seul coup de rebiffer.

Utiliser un vocabulaire fort, parler fortement, accompagner son « ça suffit » d’une posture physique qui affirme et non qui quémande le respect nécessite d’apprendre à le faire, mais aussi de se sentir légitime pour le faire.

Ce qui est compliqué c’est aussi que cette affirmation de soi entraîne un risque de solitude encore plus fort.

Finalement le groupe a peur du faible, car le faible renvoie à chaque membre du groupe sa propre faiblesse. Alors le groupe laisse le harcelé seul, et n’aime pas quand celui-ci en dénonçant les faits dont il est victime induit qu’il n’a pas été aidé par les autres. C’est en cela qu’il y a une perversion des réactions de chacun et finalement un avilissement à celui qui semble le plus fort, même s’il tient sa force d’actes objectivement répréhensibles. Hors dans une situation de harcèlement ce n’est pas du tout l’objectivité qui domine mais la subjectivité et l’émotion.

Le rôle des proches est aussi d’être un soutien sans faille dans ce stress que la personne vit, dans la reconnaissance de sa détresse et dans la reconnaissance de sa légitimité à vivre autre chose.

>> Les femmes battues décrivent bien leur impossibilité à penser qu’elles ne devraient pas vivre autre chose, lorsqu’elles expliquent que si elles ont subi telle ou telle violence, elles en étaient certainement responsables d’une manière ou d’une autre.

>> Les lycéens victimes de harcèlement sont capables de tenir le même genre de discours.

>> Les séparations de couple, il faut parfois une dose immense d’agressivité du conjoint dominateur pour que le conjoint dominé finisse par réagir. Et même dans ce cas là ce n’est pas toujours très évident, sa réaction peut prendre des moyens détournés qui permettent encore au conjoint dominateur d’affirmer son bon droit. Et d’être approuvé pour cela par le groupe.

Les effets du harcèlement sont terribles et profonds sur l’estime de soi, et créent une véritable vulnérabilité. Je pense en écrivant ces lignes à une jeune personne qui était prise dans une relation amoureuse déséquilibrée. Elle n’a pu retrouver de la distance dans cette relation, qu’après une séance extrêmement éprouvante durant laquelle nous sommes revenues sur le harcèlement dont elle avait été victime 3 ans auparavant. En réalité elle en avait gardé inconsciemment l’idée qu’elle devait se soumettre au désir de l’autre, car elle n’était pas intéressante, l’autre lui faisait donc un cadeau inestimable en s’intéressant à elle. Dans cette situation qui s’est heureusement bien finie, cette personne se mettait à la merci de l’autre dans la relation.Son ami n’était pas malhonnêtes, et n’a donc pas été malhonnête avec elle. En tant que thérapeute je ne comprenais pas pourquoi malgré un travail assez poussé, la situation sur cette relation pourtant terminée restait bloquée, je ne comprenais pas pour quoi cette personne n’arrivait pas à se considérer par elle-même dans ce couple, et dans toutes ses projections sur le « couple idéal ». C’est à partir du moment où par un travail psycho-corporel elle a symboliquement rendu à ses anciens harceleurs leurs remarques dévalorisantes, qu’elle a pu restaurer son estime d’elle-même et rétablir un équilibre satisfaisant dans ses attentes vis-à-vis des autres.

Le meilleur service que l’on peut rendre à ses enfants pour les prémunir de ce type de prise de pouvoir pour eux est de renforcer leur légitimité d’êtres pensants, existants, ayant le droit à leur place dans le monde. Cela va à l’encontre des injonctions telles de « sois sage », « fais toi oublier », au profit de « quelle est ton opinion » « qu’est ce qui compte pour toi »…

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