Ah…le temps de vacances…le soleil, la mer ou la montagne, le farniente… Vous attendez cela depuis des mois ! Mais avant de goûter à tous ces plaisirs, il y a l’épreuve du trajet avec vos enfants jusqu’à votre lieu de vacances. Un moment que vous redoutez car vous ne savez pas comment les enfants vont se comporter. Vous avez pourtant tout prévu : films à regarder, jeux, goûter, etc. mais vous savez aussi qu’un trajet long peut être l’occasion de disputes entre vos enfants sur le chemin des vacances.
Vos enfants sont prévenus, mais cela ne se passe pas toujours comme vous l’aviez prévu. Lorsque les enfants commencent à chahuter et à se disputer à l’arrière du véhicule, les parents s’agacent à l’avant, et le voyage n’est plus du tout une partie de plaisir. A tel point que certains parents renoncent même à certains projets de voyage. Quelles astuces et solution pour gérer ces situations de conflits et rendre le voyage agréable pour tous ?
Pourquoi les enfants se disputent-ils ?
De manière générale, les disputes sont souvent liées au mode de fonctionnement des uns et des autres et à leurs tempéraments. Elles sont souvent en lien avec une insatisfaction des besoins primaires des individus (fatigue, ennui, faim, etc.). Ainsi, l’enfant peut éprouver une sensation de malaise qu’il ne peut expliquer, ce qui génère du stress. De ce fait, se disputer avec sa sœur ou son frère devient un divertissement au final ! S’opposer à l’autre l’occupe et permet d’attirer l’attention de ses parents, mais aussi d’obliger la famille à faire une pause, mais qui au final ne fera que repousser l’heure d’arrivée à destination.
De plus, dans certaines familles, se disputer est en fait devenu une façon de communiquer entre les enfants voir même entre tous les membres de la famille. Et si, en plus, la famille décide de faire un road trip pour les vacances, le temps passé tous ensemble s’accumule avec une promiscuité de tous les instants. Ces éléments vont alors accentuer certains comportements des enfants et, plus largement, remettre en question le mode de fonctionnement familial et les attentes de ses membres.
Par exemple, un enfant qui a l’habitude de s’exprimer par le conflit a peu de chance de changer son comportement d’un coup, comme par magie ! A moins que ses parents n’apportent du sens à son mode d’expression.
L’intervention précoce des parents comme solution aux disputes des enfants
Parents : prenez du recul ! C’est la première chose à faire lorsqu’une dispute se produit. Soyez créatifs dans la réponse que vous donnerez aux situations conflictuelles en les considérant comme normales et finalement assez banales : ces disputes ne sont pas dirigées contre vous, ni même totalement contre la sœur ou le frère. Elles ont un sens qu’il vous faut comprendre.
Observez attentivement l’élément déclencheur de la dispute et à quel moment elle se produit. Répondre à l’objet du conflit ne suffira pas toujours à calmer les choses. En revanche, apporter du sens au conflit va davantage vous aider.
Prenons l’exemple de vacances sous la forme d’un road-trip de plusieurs jours voir même de plusieurs semaines. La maman de Malo et Quentin avait remarqué que ses enfants commençaient à se disputer de façon systématique 2 heures après le déjeuner. La solution : avoir toujours de quoi goûter et proposer un encas à ses garçons dès que le ton commençait à monter. Et cela a fonctionné ! Le goûter était certes un peu tôt mais elle avait compris que le métabolisme de ses enfants exprimait son besoin dans la dispute et ce, sans élément déclencheur apparent.
Pour cela, n’hésitez pas à intervenir au plus tôt avant que la situation ne dégénère et devienne impossible à calmer.
Dans cet exemple, le conflit était provoqué par un besoin physiologique des enfants. Mais de manière générale, pour calmer les conflits, il convient d’adapter vos réponses, non pas à l’événement, mais à ce qui le provoque. Par exemple : au lieu de dire « Laisse ton frère tranquille ! » (ici le sujet de la dispute), il vaut mieux dire « Je pense que tu embêtes ton frère car tu as soif/tu es pressé d’arriver/tu as faim … » (ici le motif de la dispute) et compte tenu du motif, proposer la solution adaptée. Par exemple « Dans ce cas, bois un peu d’eau/prends ton goûter/repose toi »…
L’important est que vous interveniez suffisamment tôt dans la dispute afin que, ce qui était peut-être au départ une provocation, ne devienne pas une situation impossible à gérer !
Il existe une autre catégorie de conflits, qui peuvent être attribués à des besoins psychologiques : les disputes liées à la jalousie par exemple. En effet, la situation d’un voyage long peut parfois entraîner une crainte de perdre son identité :
L’enfant peut se poser ce type de questions :
« Est-ce que ma différence par rapport à mes frères ou sœurs est bien prise en considération ? »
« Ai-je bien toute ma place dans la famille ? »
Le piège serait de croire que vous pouvez donner la même chose à chacun de vos enfants et que l’apaisement du conflit va résider dans cette équité. Déjà, il faut savoir que les enfants évaluent ce qui se passe de façon totalement subjective. De plus, les besoins de chacun de vos enfants sont différents. Votre stratégie doit s’inscrire dans la durée : vous ne révolutionnerez pas les ressentis de vos enfants au cours d’un trajet qui est lui-même source de tensions.
Responsabilisez les enfants entre eux : chacun se sentira important à sa manière. Oubliez l’idée que vous êtes la seule personne en capacité de résoudre une difficulté que les enfants sont les seuls à poser. Pour être équitable, adaptez les offres faites à chacun des enfants selon leur âge et leur tempérament. Félicitez-les et remerciez-les lorsque l’un d’eux fait quelque chose de bien pour un autre. Vous pouvez tout à fait confier une tâche à votre aîné pour son petit frère, mais aussi du petit frère vers son aîné.
Sachez également que les tensions psychologiques peuvent aussi naître du fait d’éléments extérieurs à la relation entre frères et sœurs, même si elles s’expriment, dans ce moment précis du trajet sous la forme d’une dispute entre les enfants.
Par exemple, vos enfants peuvent être très heureux de retrouver leurs grands-parents, tout en ayant peur de la façon dont cela va se passer :
votre enfant est content d’être en vacances mais il redoute de ne plus voir ses copains pendant plusieurs mois,
votre enfant veut ci mais il a peur de cela…
Il existe de nombreux exemples. Avoir en tête ces ambivalences vous permettra de leur apporter la réponse adéquate, celle qui dépasse le « Laisse ton frère tranquille ! », au profit, de « Que dirais-tu de voir un tel ? », « Es-tu heureux de voir la mer, retrouver ton vélo ? » ….
Un exemple qui complète l’idée que communiquer est essentiel et que même la « méta-communication », c’est-à-dire de ne pas forcément discuter de la situation mais de ce qui la provoque, est importante.
Communiquer et discuter pour apaiser les tensions
Dans les différents exemples donnés, on retient que ce qui est important est d’établir une relation dans les deux sens, entre vous et vos enfants ou entre les enfants eux-mêmes. Cela va permettre :
d’apporter du sens,
d’exprimer ses émotions, ses joies, ses peurs,
de calmer les tensions,
de discuter calmement et librement des activités des uns et des autres,
que chacun soit partie prenante d’un projet familial et pas seulement en posture de consommation.
Au quotidien, quoi qu’il en soit, il est plus constructif d’accompagner ses enfants à prendre conscience de ce qui créé des disputes et de quelle façon les résoudre plutôt que de leur reprocher de se chamailler sans en comprendre les motifs. Ainsi, les enfants une fois adultes sauront mieux communiquer et gérer leurs désaccords potentiels.
Sylviane Experton exerce la profession d’art thérapeute à Washington (Etats-Unis). De par sa pratique en art thérapie, elle apporte une réponse aux besoins de personnes expatriées en leur facilitant l’accès à des professionnels médicaux, paramédicaux, coaches et thérapeutes francophones qui se trouvent à l’étranger.
Sylviane nous explique ce qu’est l’art thérapie et de quelle façon se pratique-t-elle ci-dessous.
Avant d’exercer ce métier, Sylviane a poursuivi pendant près de 20 ans une carrière d’enseignante en arts plastiques. Tout au long de ces années à enseigner, elle s’est rendu compte que certains élèves éprouvaient des difficultés mais qu’elle n’était pas en capacité de leur apporter son aide.
Pour cela, il était essentiel qu’elle puisse établir un lien entre son domaine d’expertise, les arts plastiques, et une approche de la psychologie, qui lui était alors inconnue. Afin d’y remédier, Sylviane a décidé de se former à l’art thérapie.
Indications thérapeutiques
Parvenir à identifier les souffrances que les personnes qu’elle suit peuvent ressentir, se positionner davantage dans l’accompagnement que dans l’interprétation et le jugement, sont des apprentissages qu’elle a pu appréhender et qu’elle maîtrise aujourd’hui.
En tant qu’art thérapeute, elle propose un soutien psychologique et intervient sur troubles qui peuvent être liés à :
– la peur,
– l’angoisse,
– la phobie,
– des problèmes liés au travail ou à la famille,
– des traumatismes,
– des situations de dépression ou d’addictions par exemple.
Son rôle est déjà de soulager les tensions des sujets qui viennent la consulter et de leur proposer un accompagnement dédié aux difficultés qu’ils rencontrent.
Les publics auprès desquels elle intervient sont variés. Ils peuvent être :
• des personnes en souffrance qui vivent dans d’autres pays (pour qui l’accompagnement est réalisé à distance),
• des vétérans,
• des personnes sans-abris,
• des enfants,
• des assistantes sociales en situation de tension, qui font face à des contraintes qui génèrent du stress dans leur vie professionnelle.
Exprimer ses émotions au travers des arts
Avant tout accompagnement en art thérapie, il est nécessaire que le sujet et son thérapeute se rencontrent. Cette étape permet déjà de faire connaissance mais surtout que l’art thérapeute puisse expliquer au sujet ce qu’on entend par « art thérapie », qui constitue une forme de thérapie souvent peu connue du public.
Beaucoup de gens pensent que l’art thérapie implique systématiquement de maîtriser des pratiques ou techniques artistiques. C’est faux ! En art thérapie, aucune production artistique n’est exigée et encore moins une obligation de résultats.
L’essentiel est que le sujet :
– parvienne à s’exprimer au travers de cette approche psychothérapeutique,
– qu’il bénéficie d’un temps dédié à lui-même,
– qu’il évacue les tensions dont il souffre.
Le devenir des productions
La confidentialité des productions réalisées dans le cadre d’une séance d’art thérapie constitue l’une des fondations de cette approche thérapeutique. Ce qui est réalisé en séance est uniquement visible par le praticien et le sujet qui le consulte. Le patient peut ainsi librement être lui-même et retrouve de la confiance en lui.
Sylviane Experton propose également des séances de groupes réalisées à distance ou en présentiel, sur la base de travaux collectifs et individuels.
Des outils très différents peuvent être utilisés pendant une séance. Il peut s’agir pour le sujet en consultation de :
– peindre,
– écrire,
– modeler,
– etc.
Il est essentiel pour l’art thérapeute de pratiquer une activité artistique au quotidien : cela lui permettra de mieux cerner et comprendre certains blocages des ses accompagnés dans leur expression artistique.
Résultats attendus
Pour résumer, on peut dire que l’art thérapie permet :
– d’amorcer l’expression d’une émotion chez le sujet,
– de symboliser des idées qu’il serait difficile d’exprimer d’une autre façon,
– d’accompagner le sujet pour faire renaître la confiance en lui, pour l’aider à être lui-même et pas une autre personne.
Prenons l’exemple d’une petite fille venue en consultation, et qui, au cours d’une séance, dessine des moutons dans un champ, tout en disant : « Ces moutons sont malheureux car ils doivent tout le temps changer de champ ». Une représentation graphique et des propos que le thérapeute a pu mettre en regard de sa situation d’enfant de parents expatriés qui sont souvent amenés à déménager.
De manière générale, l’art thérapie est une approche thérapeutique qui peut être adaptée à des personnes qui éprouveraient des difficultés à s’exprimer oralement pour parler d’elles et de ce qu’elles ressentent.
Elle permet au sujet de définir sa route tel qu’il le désire et d’être acteur de sa recherche, au moyen de représentation graphiques qui sont l’expression de mots parfois difficiles à exprimer.
Un outil à proposer à vos enfants pour répondre au harcèlement verbal et aux propos déplacés dont ils sont victimes.
Cela parait tout simple, mais il y a une force symbolique réelle et thérapeutique dans la posture que la personne victime de harcèlement verbal peut prendre avec cet outil.
Je l’ai toujours proposé aux enfants et adolescents qui venaient avec cette problématique. Et si je ne suis pas sûre que la plupart d’entre eux aient osé l’utiliser, ils avaient tous un grand sourire à l’idée d’avoir quelque chose à répondre aux mots blessants dont ils étaient victimes. Cela changeait leur posture, et la façon de vivre l’agressivité de l’autre. Ce dernier étant renvoyé à ce qu’il était vraiment : un enfant ou un ados comme eux.
Leur réaction était aussi parfois de me dire “Je ne peux pas dire ça c’est méchant”… Bonne remarque pour lancer la discussion sur ce qui est méchant ou non, sur pourquoi on supporterait les mots méchants de l’autre sans réagir.
L’idée de “rendre à l’autre”, ce n’est pas tant lui rendre ce qui lui appartient, que de refuser de faire siens les qualificatif qu’il impose. Cette autorisation psychique de refuser de s’identifier au personnage mauvais que l’autre voit en soi, est un premier pas vers la résilience face au harcèlement.
Le harcèlement est un thème récurrent d’articles et de discussions. Il est à prendre au sérieux au même titre que de la maltraitance. Sa gravité n’est pas liée à la gravité des actes posés. Ceux-ci sont généralement anodins, mais à leur fréquence et à leur répétition dans la durée. C’est parce que ces actes sont anodins qu’il est difficile de les arrêter car difficile de les punir quand ils sont pris isolément.
Lorsque je travaille avec des personnes victimes de harcèlement, il y a plusieurs étapes incontournables :
1. Identifier en quoi ces actions apparemment bénignes sont du harcèlement. 2. Assurer la sécurité de la personne ; en l’invitant à s’écarter des personnes toxiques, ou en faisant intervenir des adultes lorsque les actions se passent dans le cadre scolaire. 3. Apprendre à la personne à se faire respecter en posant des limites et en les affirmer ces limites. 4. Aider à reconstruire son estime d’elle-même, en reprenant conscience de ce qu’elle est , de ce qu’elle aime faire, de ses talents propres, afin de pouvoir de présenter à l’autre consolidée par cette assurance intime.
Aucune de ces étapes n’est simple à mettre en œuvre, et chacune présente une urgence propre.
1. Identifier
Identifier qu’il s’agit bien de harcèlement, c’est aussi prendre conscience de sa propre vulnérabilité. Admettre que l’autre peut ne pas vous aimer, quand bien même rien de concret ne le justifie. Le risque est alors d’atteindre plus profondément la confiance en soi. Ou bien de bloquer la personne dans une situation de victime.
2. Assurer la sécurité des personnes
Assurer la sécurité des personnes en intervenant est délicat. Un harceleur ne souhaite pas se reconnaitre comme tel. Il est pris dans un système pervers de négation des souffrances de sa victime. Se reconnaitre lui-même comme harceleur revient à voir en lui son côté noir, et à atteindre sa propre confiance en lui-même, voire à se confronter à ce qu’il n’aime pas en lui. Impossible.
Il va donc réagir non pas par l’excuse, mais par la négation des faits, voire par la surenchère. Il va donc reprocher à la victime sa « susceptibilité », le fait de l’avoir « dénoncé » le fait d’être « faible » etc…
Dans le cas de harcèlement au collège ou au lycée, seule la fermeté des adultes peut faire stopper le harcèlement.
Dans le cas d’un harcèlement au travail, la situation est encore plus délicate car il y a des enjeux de management, de carrière, ou juste de possibilité de maintenir une activité professionnelle.
Il existe aussi des situations de harcèlement dans le cas de la séparation de couples. Il y a un harcèlement direct : envoi de messages, d’insultes, multiplication des procédures juridiques… Il y a aussi un harcèlement plus subtil, mais tout autant dévastateur, en accusant l’autre de ce que l’on fait soi-même, en diffamant son ex-conjoint, il y a création d’un vide autour de lui, qui constitue une forme subtile de harcèlement.
>> Dans le cas d’un harcèlement au collège il n’est pas rare que ce soit la victime qui finisse par quitter l’établissement. Notamment si l’autorité représentée par les adultes n’a pas mis les limites nécessaires. Un enfant ou un jeune en construction est a priori capable de modifier son comportement si les limites sont posées.
> Dans les deux autres cas c’est aussi une autorité supérieure qui devrait intervenir, bien qu’elle soit plus difficile à définir ou à mettre en œuvre que dans l’exemple du collège (supérieur hiérarchique, ressources humaines, ou bien justice).
Cependant, le harceleur étant souvent le plus habile verbalement, c’est souvent une fois de plus la victime qui s’efface. D’où l’importance d’accompagner la personne à se faire respecter par elle-même.
3. Apprendre à la personne à se faire respecter
Apprendre à la personne harcelée à se faire respecter, et retrouver l’estime de soi, relève généralement d’un travail psychothérapeutique, mais le rôle des proches est essentiel. Pour mettre des limites il faut reconnaître où sont ses limites. Et ce qui généralement est une des plus grandes difficultés des victimes de harcèlement. Soit par manque initial de confiance en elle, soir par ignorance, soit parce que leur naturel aimable et ouvert les empêche de discerner l’excès, elles se laissent emmener à une sorte de point de non-retour où il devient extrêmement difficile pour elles de poser le stop qu’il est nécessaire de poser.
Au-delà de l’accompagnement psychologique, la personne a besoin de ses proches pour l’aider à discerner qui elle est, et en quoi son avis est important.La force des harceleurs est puisée dans la faiblesse de la victime. Bien souvent ils s’emparent de la place que la victime leur laisse, à son insu.Il s’emparent aussi de la tendance de la victime à vouloir faire plaisir, ou bien à rechercher la paix par le silence, hors « qui ne dit mot consent ». La seule réponse possible est une affirmation de soi, qui vient de sa propre légitimité retrouvée à ne pas se laisser faire, et à comprendre que sans cela, l’autre ne s’arrêtera pas. On est pas harcelé car on n’a pas de valeur, on est harcelé car l’autre est dans la recherche de pouvoir, et d’estime de lui-même puisée dans l’écrasement d’autrui et l’affirmation d’une fausse identité, mais reconnue par le groupe.
Plus la personne se démarque du groupe, en revanche, plus elle risque de se faire ennuyée par celui qui est déstabilisé par son originalité, et la force de caractère que présuppose cette autonomie. Généralement les personnes qui se font harcelées ignorent que leur force, leur identité propre est la source de cette agressivité, et croient au contraire qu’elles ne sont pas à la hauteur, et recherchent donc une reconnaissance que l’autre n’a pas l’intention de leur donner. Il faut apprendre à s’aimer soi-même…
Accepter d’interroger les processus de harcèlement est accepter que tout le monde n’est pas dans la bienveillanceet dans le respect des identités de chacun, c’est aussi accepter le vide identitaire de personnes qui ne survivent psychiquement que dans des relations de conflits. La victime doit alors accepter l’idée, je devrai dire en premier lieu, concevoir, que le conflit généré par l’autre n’est en aucun cas lié à elles-même, mais est juste le besoin vital de l’autre d’exister par et pour le conflit, voire la victimisation.Elles sont la cibles d’une antipathie créée de toute pièce par une personne frustrée , et généralement frustrée d’elle-même. D’où la complexité pour mettre fin à ce conflit.
Le travail thérapeutique consiste à éclairer les enjeux psychiques des uns et des autres, à faire accepter à la personne harcelée qu’elle n’est pas responsable de l’agressivité de l’autre, qu’elle ne doit pas en attendre un changement d’attitude pour que le choses bougent, mais mettre en place les réponses adaptée qui feront bouger les choses : Désintérêt pour l’autre, capacité à ne pas se laisser envahir et à ruminer face à chaque attaque, création d’une distance émotionnelle, et d’une distance émotionnelle énoncée (voir par exemple la vidéo « Ces mots là je te le rends« ). Refuser de prendre à sa charge les collages identitaires négatifs que l’autre assigne (« tu es nul », « tu es moche », « personne ne s’intéresse à toi », « tout mon malheur vient de toi », « tu ne t’y prends pas bien », « tu ne sais rien faire »…. )
Se faire respecter de l’autre, passe par se respecter soi-même, identifier que l’on est digne de respect.
4. Aider à reconstruire
Pour aider votre enfant à retrouver sa légitimité, il y a une posture à prendre : Dans le moindre des actions de la vie, poser la question « qu’en penses-tu » « quel est ton avis » « que préfères-tu ? » tous ces petits moments réapprennent à la personne à se réaffirmer. C’est parfois très laborieux car justement la confiance en son identité est mise à mal, mais c’est nécessaire.
Poser un stop pour la personne harcelée, c’est aussi prendre le risque dans un premier temps d’une agressivité plus forte. Il n’y a pas de règle immuable car cela dépend des personnes en jeu. Généralement le harceleur va venir tester la solidité de celui qui « ose » d’un seul coup de rebiffer.
Utiliser un vocabulaire fort, parler fortement, accompagner son « ça suffit » d’une posture physique qui affirme et non qui quémande le respect nécessite d’apprendre à le faire, mais aussi de se sentir légitime pour le faire.
Ce qui est compliqué c’est aussi que cette affirmation de soi entraîne un risque de solitude encore plus fort.
Finalement le groupe a peur du faible, car le faible renvoie à chaque membre du groupe sa propre faiblesse. Alors le groupe laisse le harcelé seul, et n’aime pas quand celui-ci en dénonçant les faits dont il est victime induit qu’il n’a pas été aidé par les autres. C’est en cela qu’il y a une perversion des réactions de chacun et finalement un avilissement à celui qui semble le plus fort, même s’il tient sa force d’actes objectivement répréhensibles. Hors dans une situation de harcèlement ce n’est pas du tout l’objectivité qui domine mais la subjectivité et l’émotion.
Le rôle des proches est aussi d’être un soutien sans faille dans ce stress que la personne vit, dans la reconnaissance de sa détresse et dans la reconnaissance de sa légitimité à vivre autre chose.
>> Les femmes battues décrivent bien leur impossibilité à penser qu’elles ne devraient pas vivre autre chose, lorsqu’elles expliquent que si elles ont subi telle ou telle violence, elles en étaient certainement responsables d’une manière ou d’une autre.
>> Les lycéens victimes de harcèlement sont capables de tenir le même genre de discours.
>> Les séparations de couple, il faut parfois une dose immense d’agressivité du conjoint dominateur pour que le conjoint dominé finisse par réagir. Et même dans ce cas là ce n’est pas toujours très évident, sa réaction peut prendre des moyens détournés qui permettent encore au conjoint dominateur d’affirmer son bon droit. Et d’être approuvé pour cela par le groupe.
Les effets du harcèlement sont terribles et profonds sur l’estime de soi, et créent une véritable vulnérabilité. Je pense en écrivant ces lignes à une jeune personne qui était prise dans une relation amoureuse déséquilibrée. Elle n’a pu retrouver de la distance dans cette relation, qu’après une séance extrêmement éprouvante durant laquelle nous sommes revenues sur le harcèlement dont elle avait été victime 3 ans auparavant. En réalité elle en avait gardé inconsciemment l’idée qu’elle devait se soumettre au désir de l’autre, car elle n’était pas intéressante, l’autre lui faisait donc un cadeau inestimable en s’intéressant à elle. Dans cette situation qui s’est heureusement bien finie, cette personne se mettait à la merci de l’autre dans la relation.Son ami n’était pas malhonnêtes, et n’a donc pas été malhonnête avec elle. En tant que thérapeute je ne comprenais pas pourquoi malgré un travail assez poussé, la situation sur cette relation pourtant terminée restait bloquée, je ne comprenais pas pour quoi cette personne n’arrivait pas à se considérer par elle-même dans ce couple, et dans toutes ses projections sur le « couple idéal ». C’est à partir du moment où par un travail psycho-corporel elle a symboliquement rendu à ses anciens harceleurs leurs remarques dévalorisantes, qu’elle a pu restaurer son estime d’elle-même et rétablir un équilibre satisfaisant dans ses attentes vis-à-vis des autres.
Le meilleur service que l’on peut rendre à ses enfants pour les prémunir de ce type de prise de pouvoir pour eux est de renforcer leur légitimité d’êtres pensants, existants, ayant le droit à leur place dans le monde. Cela va à l’encontre des injonctions telles de « sois sage », « fais toi oublier », au profit de « quelle est ton opinion » « qu’est ce qui compte pour toi »…
Sylvie Terrien pratique la psychophanie à Paris et à distance depuis environ 15 ans. D’abord orthophoniste, elle a choisi de développer cette activité par la création de “Lettres à l’être“. Tout un programme pour cette femme amoureuse de l’humain et des mots. Mais qu’est-ce que la psychophanie ? Comment se pratique-t-elle ? A quels problématiques propose-t-elle de répondre ? Toutes les réponses ci-dessous.
Qu’est-ce que la psychophanie ?
La psychophanie est une pratique thérapeutique qui permet de révéler les contenus émotionnels des personnes, des contenus qui font partie d’elles mais qu’elles n’arrivent pas à exprimer avec des mots et par la parole.
C’est une approche qui permet de transcender les connaissances conscientes des individus et d’accéder à leur essence :
en accédant aux enjeux psychiques d’une situation,
en dépassant le raisonnable et le raisonné,
en accédant à l’inconscient, c’est-à-dire aux motivations profondes qui influencent nos prises de décisions et nos actions, parfois à notre insu,
en revenant son héritage familial et son histoire personnelle.
La psychophanie permet alors d’exprimer des pensées qui n’ont pas encore été élaborées par des mots. Elle permet d’accéder à un degré élargi de réflexion sur des problématiques évoquées.
L’accompagnement thérapeutique proposé par la pratique de la psychophanie
Sylvie Terrien propose d’accompagner des personnes en complément d’un travail thérapeutique déjà initié par ailleurs ou au long cours.
Sa pratique de la psychophanie constitue une aide à l’élaboration. En effet, il peut arriver que l’absence de réflexes introspectifs ou bien encore la souffrance empêchent l’accès aux mots et au sens. Cela ne constitue pas un défaut mais une réalité de l’aisance ou de la non-aisance de chacun avec les mots et concepts.
La démarche thérapeutique proposée au travers de la psychophanie permet aux individus qui la pratiquent d’avancer sur des sujets complexes. En ayant accès à des informations dont ils n’avaient pas conscience mais qu’ils reconnaissent, ces personnes dépassent leur propre compréhension des sujets traités. Ils débloquent des émotions qui sont rattachées à ces situations.
Ainsi, la psychophanie permet d’agir à deux niveaux :
la résolution de problématiques,
la compréhension,
en libérant les mots et le sens qui leur est donné.
Chaque phrase énoncée au cours de la thérapie est porteuse d’un sens qu’il est pertinent de détecter et d’affiner pour avancer plus en finesse dans l’accompagnement thérapeutique.
Cette approche est également utilisée lors de séances en présentiel. Le texte vient confirmer le travail fait initialement qui permet d’accéder à un niveau supplémentaire de compréhension et de réorganisation du psychisme.
A quelles problématiques la psychophanie permet-elle de répondre ?
La psychophanie constitue un outil qui permet une meilleure connaissance de soi. C’est un outil de soin et de libération. Il peut être utilisé pour répondre à des problématiques de soins très variées qui peuvent être accompagnées est liée à la nature de l’outil. Dans tous les cas, il s’agit de donner du sens à un symptôme lorsqu’il est présumé d’origine psychique tels que :
les colères,
l’énurésie,
le mal-être,
les troubles alimentaires,
le manque de confiance en soi,
les difficultés d’endormissement,
etc…
La psychophanie constitue alors un véritable révélateur et un libérateur qui permet de dénouer des problèmes internes ou bien généalogiques.
On peut aussi le percevoir comme un outil poétique qui permet de renforcer l’image de soi et de créer un effet de surprise qui amène à prendre de la hauteur.
Le déroulement d’une séance de psychophanie
Une première séance en présentiel est tout d’abord réalisé au cabinet de Sylvie Terrien à Paris. Par la suite, il sera possible de poursuivre l’accompagnement soit en présentiel, soit à distante par visioconférence.
Le thérapeute soutient la main de la personne en consultation dans l’écriture d’un texte spécifique sur un clavier d’ordinateur. Ce texte tient sa spécificité de par :
le mode d’écriture utilisé,
la syntaxe,
les thèmes abordés.
Le consultant écrit le texte lettre après lettre avec une transmission via le mouvement des mains sur le clavier.
Les résultats et les bénéfices attendus par la pratique de la psychophanie
La pratique de la psychophanie permet aux personnes qui la pratiquent :
d’aller chercher des ressources en soi qu’on aurait pas forcément identifiées,
de traverser des périodes délicates/difficiles,
de mieux se connaître,
de se soulager d’émotions, de se désencombrer l’esprit,
d’ouvrir le champ des possibles,
d’avoir du recul par rapport à la répétitions de certains comportements.
Sylvie nous parle de l’exemple d’une jeune femme venue la consulter car elle rencontrait des difficultés dans sa vie amoureuse. La séance de psychophanie lui a ainsi permis :
de se poser des questions auxquelles elle n’aurait pas forcément pensé,
de prendre du recul sur sa situation,
de l’éloigner de certains schémas,
de ne pas générer de la confusion mentale,
de l’aider à analyser la situation et de mieux définir la direction qu’elle souhaitait prendre,
de mettre en perspective son histoire personnelle ainsi que ses modèles parentaux.
Ainsi, la psychophanie permet de dépasser ce dont on a conscience et de l’intégrer dans le changement que l’on cherche à atteindre dans son travail thérapeutique. Cette méthode douce, qui s’apparente à de la thérapie brève, permet d’accéder à un meilleur niveau de connaissance de soi, à éclairer le chemin pour mieux se positionner dans sa vie. Ainsi, tout comme par la relaxation profonde active, qui en est issue, la psychophanie permet de créer une réorganisation intérieure qui libère de souffrances ou de fidélités familiales discordantes.