Nos cœurs de soignants sont généralement grands ouverts à l’autre. Et à travers notre cœur notre désir que l’autre aille mieux se traduit par une ouverture énergétique.

N’avez-vous jamais ressenti une sensation de vide, après avoir écouté un proche en difficulté au téléphone ? Je ne serai pas étonnée que ce soit le cas.

La proximité affective nous fait oublier notre nécessité de soignant : prendre soin de soi, c’est-à-dire accueillir l’autre sans incorporer son mal-être, et sans que notre énergie soit absorbée.

Lorsque nous échangeons avec une figure familière, amicale, nous ne nous protégeons pas spontanément de cette trop grande ouverture.

Dans notre rôle de thérapeute, ce phénomène existe aussi, seulement la nécessité de se protéger est plus consciente, plus intégrée et donc plus opérante. Nous savons qu’il faut nous protéger, et nous le faisons.

La protection, commence par notre posture, « J’écoute la souffrance de l’autre mais je ne l’intègre pas. Je l’écoute mais je me tiens à distance de cette souffrance. Je l’écoute suffisamment pour aider l’autre à voir ce qui pourrait l’aider à aller mieux, mais je ne suis pas sa souffrance. »

De même qu’il n’est pas lui-même sa souffrance, même si celle-ci l’habite actuellement.

Il y a une différenciation nécessaire entre « lui » et « moi », entre le « je » et le « nous ».

S’il n’y a pas différenciation, le thérapeute s’épuise et il n’y a plus de soin possible. Parfois les personnes sont frustrées car elles ont l’impression que le soignant n’est pas assez concerné par ce qui leur arrive. Cependant pour continuer à prendre soi des autres, il est nécessaire de prendre soin de sa propre énergie et de protéger son espace physique et  psychique.

Avec des proches nous n’en avons pas toujours conscience, pourtant le besoin est le même.

C’est cela « pouvoir continuer à prendre soin des autres tout en prenant soin de soi-même», cela passe par protéger sa propre énergie, et mettre les barrières nécessaires.

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