La joie au service de la thérapie

D’après le livre de Frédéric Lenoir « La puissance de la joie» – Editions Fayard

 

Il est rare de retrouver dans un livre, aussi pleinement ce que l’on pense, ce que l’on pratique à titre personnel et professionnel. Frédéric Lenoir dans « La puissance de la joie », s’applique à définir le plaisir, le bonheur, la joie et les moyens pour arriver à cette joie.

 

La différence entre plaisir, bonheur et joie

Selon l’auteur, le plaisir est ce que nous ressentons dans la satisfaction agréable d’un besoin immédiat. Seulement, le plaisir est éphémère et nécessite d’être renouvelé régulièrement. L’accumulation de petits plaisirs, ne permet pas de vivre une satisfaction durable. Le comble étant que certains plaisirs immédiats se révèlent nocifs sur le long terme.

Le bonheur se veut un ensemble moins éphémère, moins ponctuel. L’homme se doit de le développer dans une posture interne, atteignant  ainsi une sagesse qui le rend moins perméable aux événements. « Etre sage c’est consentir à la vie et l’aimer comme elle est ».

La joie est un troisième état. « Sa particularité est d’être toujours intense et de toucher l’être dans son ensemble : le corps ; l’esprit, le cœur, l’imagination. La  joie est une sorte de plaisir décuplée ». Elle s’exprime de façon corporelle, plus encore que le plaisir, comme quelque chose qui nous fait :

  • bondir,
  • bouger,
  • crier,
  • applaudir.

dans une expression proche de l’expression enfantine de la joie. Seulement il faut au contraire beaucoup de sagesse à l’homme devenu adulte pour laisser échapper la joie de lui, hors convention.

Vous qui lisez cet article, avez-vous ressenti récemment cette joie là ? Cette joie qui arrive de vos entrailles, vous habite entièrement, et souvent vous surprend dans son intensité.

En tant que thérapeute, nous guidons nos clients  dans la reconnexion avec cette joie.

 

La joie pour se reconnecter à soi-même

Une joie qui se cultive, et à laquelle il faut laisser de la place, en renonçant, comme notre culture française nous l’a souvent appris, à accorder de l’importance  à ce qui ne va pas. Plusieurs moyens sont utiles pour cela. Par exemple, cultiver un état d’esprit adéquat, qui passe par les micro moments de la vie.

La question philosophique, s’incarne dans chaque instant de la vie. Frédéric Lenoir développe les notions « d’attention, de présence, de méditation, de confiance et l’ouverture du cœur, la bienveillance, la gratuité, la gratitude, la persévérance dans l’effort, le lâcher-prise, la jouissance dans le corps. » Je vous les énumère, comme des petites lanternes à allumer en vous, pour vous interroger sur votre rapport à ces notions. La plupart d’entre elles sont des postures sur lesquelles le travail d’accompagnement thérapeutique va s’attarder.

La joie est le signe d’une grande unité intérieure et qui nous transcende. Frédéric Lenoir la décrit à travers ce qu’il appelle « la déliaison et la reliaison ». J’utilise de mon côté des termes plus simples de connaissance de soi, en identifiant en soi ce qui nous appartient et ce que nous sommes, et non ce que notre entourage souhaite que nous soyons.

La reliaison est cette connexion à soi-même :

  • retrouver ce qui nous nourrit,
  • ce qui nous convient,
  • s’y accorder.

Ces idées sont chères aux théories du développement personnel mais elles gagnent le champ de la psychologie clinique, comme le meilleur moyen pour nos clients de retrouver leur impulsion de vie.

Enfin, il est important de réaliser qu’en se retrouvant soi-même, en se reconnectant à nos aspirations, nous pouvons ensuite nous connecter au monde.

Les difficultés rencontrées par l’un ou l’autre ne sont pas toujours liées à l’entourage dans lequel il évolue. Sans nier l’impact de situations parfois dramatiques et traumatiques, Mais à notre rapport à ces événements. Va-t-on se braquer, se plaindre, ou au contraire essayer dans une acceptation inconditionnelle d’épouser les événements, pour au fil des possibilités trouver la bonne issue pour soi ?

 

Pour Frédéric Lenoir,  la joie intense est à ce prix. Pour moi, En tant que thérapeute, elle est aussi à ce prix : amener nos consultants à épouser leur être, afin de pouvoir agir si nécessaire, ou les aider à accepter une situation qu’ils ne peuvent faire évoluer, si telle est leur meilleure solution.

La puissance de la joie, est la paix que ces postures nous permettent de trouver en nous. Elles permettent cette connexion à notre élan vital, qui devient la clé du bien-être, plus important que tout attribut de pouvoir et de possession. En se connectant ainsi à eux-mêmes, nos consultants ne sont plus dans le besoin impossible à combler, d’être rassurés sur leur qualité d’existence par le regard des autres.

Et s’il y avait moins de cris à la maison ?

Et s’il y avait moins de cris à la maison ?

 

On aime ses enfants plus que tout et pourtant, d’une façon que l’on pourrait qualifier d’antinomique, c’est parfois contre eux que l’on crie le plus !

Pourquoi ?

Nos enfants sont notre proximité, notre amour, notre vie , nos joies. Nos enfants sont des promesses d’avenir. Mais nos enfants sont aussi nos challenges. et nos enfants nous rappellent toujours qu’ils ne sont pas nous . Ils nous invitent à nous mettre à leur portée à leur manière. Ils nous renvoient nos faiblesses, et nous font nous heurter à leur réalité et à leur rythme.

Il y aurait beaucoup à en dire sur tout ce que représentent nos enfants pour nous. Je vais me contenter aujourd’hui de vous partager quelques trucs et astuces pour éviter de crier chez soi.

  • Un truc simple et à la fois tellement évident : pour éviter de crier chez vous : Commencez par décider que vous ne crierez pas. Déjà intérieurement, vous adopterez une posture, et vous développerez d’autres stratégies pour être entendue.
  • L’un de ces stratégies avec votre enfant : assurez vous que votre enfant vous entende, en établissant un contact visuel avec lui,
    Soit en le regardant dans les yeux,
    Soit en l’interpellant « regarde moi, Untel (le prénom est le signe particulier que vous vous adressez bien à lui, à utiliser sans modération),
    Soit en vous mettant à sa hauteur et en face de lui.
    Une fois que vous avez son attention
    Vous lui dites sans crier même si c’est la 4 ème fois,
    « Maintenant va mettre tes bottes, tes tongs ou tes chaussures fourrées » selon la saison, et là où vous habitez »; « Va ranger tes affaires « Va te laver les mains » etc
  • Intégrez l’humour pour désamorcer les situations, avant qu’elles ne deviennent dramatique.
  • Utilisez un tiers, comme son doudou pour faire une demande « et si on demandait à ton doudou ce qu’il en pense »
  • Prévenez le qu’il va se passer tel ou tel chose dans 5 minutes. Notemment lorsqu’il va devoir interrompre son activité pour faire autre chose.
  • Établissez un contrat avec lui qui le rende responsable de ce qu’il y a à faire « Comment peut-on s’organiser pour que ce soir tu aies le temps de jouer, de faire ton travail et de prendre ton bain. »
  • Prévoyez le temps nécessaire pour faire les choses, et ne pas être en tension à cause d’un planning trop serré;
  • Ajustez vos exigences aux capacités réelles de votre enfant, mais aussi conjoncturelles :son  état de fatigue, sa déception pour telle ou telle raison, et à votre propre fatigue.
  • Soyez vigilante à la cause de votre agacement, « est-ce parce que le cartable a été oublié que vous êtes aussi énervée, ou parce que vous avez eu une dure journée ? »

Si vous sentez que la colère monte, allez respirer 5 minutes dans votre chambre, avant de poursuivre la discussion. Calmez vous, mais cherchez aussi un nouveau moyen de régler les choses;

Enfin, Félicitez votre enfant pour ce qui est bien !

Et Bravo à vous de votre pugnacité pour obtenir dans la paix .

Professionnelles de l’accompagnement : Proximité et énergie

Professionnelles de l’accompagnement : Proximité et énergie

Nos cœurs de soignants sont généralement grands ouverts à l’autre. Et à travers notre cœur notre désir que l’autre aille mieux se traduit par une ouverture énergétique.

N’avez-vous jamais ressenti une sensation de vide, après avoir écouté un proche en difficulté au téléphone ? Je ne serai pas étonnée que ce soit le cas.

La proximité affective nous fait oublier notre nécessité de soignant : prendre soin de soi, c’est-à-dire accueillir l’autre sans incorporer son mal-être, et sans que notre énergie soit absorbée.

Lorsque nous échangeons avec une figure familière, amicale, nous ne nous protégeons pas spontanément de cette trop grande ouverture.

Dans notre rôle de thérapeute, ce phénomène existe aussi, seulement la nécessité de se protéger est plus consciente, plus intégrée et donc plus opérante. Nous savons qu’il faut nous protéger, et nous le faisons.

La protection, commence par notre posture, « J’écoute la souffrance de l’autre mais je ne l’intègre pas. Je l’écoute mais je me tiens à distance de cette souffrance. Je l’écoute suffisamment pour aider l’autre à voir ce qui pourrait l’aider à aller mieux, mais je ne suis pas sa souffrance. »

De même qu’il n’est pas lui-même sa souffrance, même si celle-ci l’habite actuellement.

Il y a une différenciation nécessaire entre « lui » et « moi », entre le « je » et le « nous ».

S’il n’y a pas différenciation, le thérapeute s’épuise et il n’y a plus de soin possible. Parfois les personnes sont frustrées car elles ont l’impression que le soignant n’est pas assez concerné par ce qui leur arrive. Cependant pour continuer à prendre soi des autres, il est nécessaire de prendre soin de sa propre énergie et de protéger son espace physique et  psychique.

Avec des proches nous n’en avons pas toujours conscience, pourtant le besoin est le même.

C’est cela « pouvoir continuer à prendre soin des autres tout en prenant soin de soi-même», cela passe par protéger sa propre énergie, et mettre les barrières nécessaires.

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