Pour comprendre les mécanismes qui amènent à améliorer les relations parents/enfants, voici l’histoire de Gabriel…

Comme tous les soirs, Gabriel, 10 ans, demande à sa mère s’il peut regarder son émission préférée à la télévision. Sa mère lui demande s’il a fait ses devoirs. La réponse de l’enfant est : « Non ». « Alors non, tu ne regarderas pas la télévision tant que tes devoirs ne seront pas faits. », lui répond sa maman. Gabriel hurle et tape du pied.

Gabriel a maintenant 14 ans. Il veut regarder une vidéo sur sa tablette. Mais il n’a pas fait ce que son père lui avait demandé alors son père refuse sa demande. Gabriel quitte la pièce, énervé, et claque la porte de sa chambre.

Gabriel a grandi. Il a 25 ans, il travaille et souhaite changer de poste dans l’entreprise qui l’emploie. Son supérieur hiérarchique refuse. Gabriel se résigne et renonce à insister.

Aujourd’hui, Gabriel a 45 ans. Il est papa d’une petite fille. Cette dernière lui demande si elle peut regarder la télévision. Gabriel lui demande si elle a fait ses devoirs. La réponse est non. Gabriel lui propose de discuter afin de trouver un compromis.

A travers le parcours de vie de Gabriel, on peut constater l’évolution de son comportement entre l’enfant qu’il était et l’adulte/le parent qu’il est devenu. Tout au long de ces années, Gabriel a changé, il a évolué. Mais comment cette évolution se met-elle en place ? Comment, en tant que parents, pouvez-vous aider vos enfants à changer, à évoluer eux-aussi et à améliorer les relations parents/enfants ?

 

Trouver un équilibre entre la confiance en soi et l’autorité parentale pour améliorer les relations parents/enfants

On peut partir du principe que, si l’on souhaite changer les effets d’une situation, il faut d’abord en changer les causes [CQFD].

Cette possibilité est dans les mains de l’adulte. A lui de proposer de nouveaux modes de relation.

Mais pour enclencher ce changement l’adulte doit le vouloir, le pouvoir, le comprendre, l’accepter ; tout cela demande de la capacité d’adaptation. Il peut alors être confronté à une dichotomie. En effet, pour pouvoir accepter de changer, il faut trouver un équilibre entre le fait :

  • d’avoir confiance en soi, car aucun individu n’accepterait de changer quelque chose de sa vie s’il avait une défaillance identitaire tellement forte qu’il aurait peur de se perdre en acceptant un compromis,
  • de ne pas trop avoir confiance en soi ; en effet, personne n’accepterait de s’abaisser à adapter son attitude à celle d’autrui, en considérant que cet autrui « inférieur » en sait moins que nous.

Pour pouvoir s’adapter il faut aussi abandonner le fantasme de pouvoir agir pour l’autre. Si un enfant exprime toujours la même demande et que vous lui imposez toujours la même réponse, il n’y a pas beaucoup d’évolution possible !

Trop d’autorité peut brider son énergie vitale, son élan, ce qui lui permet d’être créateur de sa propre vie, ou encore entraîner une baisse de confiance en soi (illustrée dans l’exemple de Gabriel, à l’âge adulte, qui se résigne à un changement professionnel pourtant désiré).

Toutefois, un manque de fermeté peut créer un espace de liberté où tout devient possible, certes, mais comporte aussi le risque d’être anxiogène.

Alors que faire ?

Pour améliorer les relations parents/enfants, sachez que l’enfant a fondamentalement besoin de la confiance de ses parents dans leurs propres choix : cela lui permet de les percevoir comme sécurisants. En tant que parents, chaque fois que vous perdez patience, vous engendrez, à votre corps défendant, de l’insécurité, avec comme effet délétère, un comportement encore plus capricieux et provocateur de votre enfant. Celui-ci est en recherche de sécurité et le meilleur moyen de tester la sécurité est de tester la fermeté bienveillante des parents.

Cela peut paraitre complexe et contradictoire, pourtant c’est assez logique : en testant les limites que vous lui posez, l’enfant (ou l’adolescent) teste votre assurance et votre confiance dans ces limites. Il expérimente donc votre solidité, cette fameuse solidité sur laquelle il pourra s’appuyer en cas de difficulté majeure. L’effet sera d’autant plus bénéfique si la fermeté est exprimée dans le calme.

 

Mettre de côté ses propres peurs et exigences de parents pour dialoguer avec son enfant

Pour améliorer les relations parents/enfants, il incombe aux parents de mêler à leurs exigences une capacité à entendre les besoins de l’enfant, et à être créateurs de réponses différentes de celles habituellement données (en sortant de schémas trop simplistes et répétitifs).

Il en est de même pour tous les aspects de la vie. Chacune de vos attitudes est enregistrée inconsciemment dans le « disque dur » qui constitue la base de réactions à ce que la vie vous renverra. Si vous avez l’habitude de perdre patience devant les contrariétés de la vie, votre enfant emmagasinera que l’énervement est une réponse adéquate à la frustration.

Par exemple, si vous lui dites que ses résultats sont insuffisants il en déduira que lui-même est insuffisant.

En réalité ces insuffisances que vous voyez chez lui sont le reflet de vos peurs, mais l’enfant ou l’adolescent n’est pas capable de le comprendre. Ainsi, plutôt que de lui faire remarquer ses faiblesses ou des défaillances, entrez en dialogue avec lui. Vos paroles ont beaucoup plus d’impact sur lui qu’il ne vous le montre, et sa sensibilité à votre regard sur lui est juste immense (quoiqu’il en dise).  Changez vos réponses pour sortir du jugement, pour arriver au « pourquoi » et au « comment », c’est-à-dire à la création d’une nouvelle voie. Abandonnez la colère, au profit de la recherche de sens :

  • demandez-lui de quoi il aurait besoin pour améliorer ses résultats scolaires si vous les trouvez insuffisants,
  • montrez-lui ce qu’est une conciliation si vous souhaitez que votre enfant apprenne la conciliation,
  • apprenez-lui à prendre des responsabilités à la hauteur de son âge si vous voulez qu’il devienne un adulte responsable,
  • acceptez qu’il exerce son esprit critique à l’égard de ce que vous lui demandez de faire, si vous voulez qu’il le développe de manière générale,
  • laissez-lui l’espace pour être créatif si vous voulez qu’il le soit.

Attention toutefois à ne pas tomber dans l’excès d’exigences envers votre enfant. Interrogez-vous également si vous ne voulez pas un peu trop de choses et si vous n’êtes pas en train de trop projeter vos envies sur votre enfant. Comme je l’ai écrit dans d’autres articles de ce blog, je connais bien la pression que notre système scolaire et étudiant français crée sur chacun ; pression qui peut également accentuer les difficultés à trouver un équilibre entre le respect du rythme de l’enfant et la réalité sociale.

 

Pour vous donner un exemple concret : au lieu de dire « Arrête de crier ! », demandez-lui calmement pourquoi il crie ou bien demandez-lui de dire la même chose en utilisant un ton de voix inférieur jusqu’à arriver à une intonation de voix qui permette le dialogue.

Sachez aussi reconnaitre ce qui tient de la situation présente ou ce qui est le reflet d’événements passés (« Je crois que tu es très énervé car tu es déçu par le score du matche de foot »).  Donnez alors du sens à ces émotions.  Il s’agit là du méta langage : parler sur la situation au lieu de répondre au premier degré. Vous donnerez à votre enfant l’occasion d’une prise de conscience et ouvrirez un dialogue salvateur.

Enfin, si vous vous sentez à bout, que vous allez perdre patience, quittez la pièce le temps de prendre du recul.

 

Les éléments de tension parents/enfants-ados

Le stress du parent

Votre stress est généralement le reflet de vos inquiétudes sur l’avenir, de votre ou de vos propres frustrations (de ne pas avoir été plus loin dans vos études, de ne pas avoir été aidé davantage par vos parents, d’être moins ouvert au monde, de ne pas avoir bénéficié d’une éducation musicale ou sportive, et que de fait votre enfant ne soit pas comme vous auriez aimé, ou comme vous avez été, etc.)

Pour améliorer les relations parents/enfants, soyez le plus créatif possible dans vos réponses à ses demandes, en admettant que votre enfant est un être différent de vous qui agira différemment. Une évidence que l’on oublie souvent.

 

La culpabilité parentale

Il y a un autre frein qui intervient dans les relations entre parents et enfants : la culpabilité. « Le pauvre on lui a imposé un petit frère ! [ou un déménagement, un saut de classe, une éducation mixte, un rythme imposé par nos vies professionnelles] ».  A ceci près que ces situations font partie de la vie !  Finalement, on peut aussi voir les choses sous un autre angle et se dire que cet enfant a eu la chance d’avoir une grande famille, du mouvement, une ouverture d’esprit. Le problème de cette culpabilité est qu’elle empêche le parent de jouer son rôle d’éclaireur.

Du point de vue de l’enfant, et qui plus est de l’adolescent, cette culpabilité va devenir un excellent prétexte à faire n’importe quoi. Si l’on va plus loin dans l’analyse, l’enfant peut en conclure qu’il est objectif de dire qu’il est le plus malheureux de tous et le plus brimé. Malheureusement, ce comportement ne permet ni la conciliation ni la maturité.

 

La léthargie de l’adolescent

Il y a un autre point qui est souvent source de difficultés parents-enfants, il s’agit de la léthargie de le plus souvent de l’adolescent. La cause de l’agacement est connue : votre enfant ne s’intéresse à rien et ne veut rien faire de ce que vous lui proposez. La réponse à y apporter est subtile, car cette léthargie fait partie du développement de l’adolescent. C’est une phase de latence, où le corps se transforme, mais aussi un moment de recréation personnelle : ce moment où l’on abandonne, voire on s’oppose, au modèle parental, pour créer son propre modèle d’adulte. Je vous conseille alors de choisir vos combats. Trop de tentatives d’autorité risquent alors de dégénérer en conflits systématiques et de couper la communication. Par exemple, forcer l’engagement de votre ado dans une activité afin de ne pas laisser cette léthargie présente 24h sur 24h durant l’année scolaire ou le forcer à participer à un camp de jeunes pendant les vacances. Ces deux options permettent à votre adolescent d’expérimenter quelque chose voire de se découvrir une passion. Pour le reste, faites confiance à ce que vous transmettez à travers vos propres engagements et votre mode de vie. Votre enfant va grandir, en voulant aller plus vite que lui, vous risquez de bloquer son autonomisation, ce qui est à l’encontre du résultat que vous espérez à long terme !

 

L’hyper-connexion aux écrans

Vous le savez, redire tous les jours « Fais autre chose que regarder ton téléphone », entraîne des crispations voire des conflits. Dites-vous que plus vous insisterez en exigeant que l’enfant modifie son comportement, plus vous risquez de bloquer la situation. La situation deviendra en effet un enjeu de prise d’indépendance, à travers l’occasion pour l’enfant de s’opposer à vous. Le problème de ces conflits répétitifs est qu’ils créent un climat de saturation, et lorsqu’il y a une raison plus sérieuse de s’opposer au comportement d’un enfant, les adultes ont perdu prise.

Je n’ai pas de solution miracle à vous proposer pour empêcher cette hyper-connexion aux écrans. Toutefois, je vous recommande, si vous le pouvez, de dicter des règles à vos enfants dès leur jeune âge. Plus ils auront compris tôt quelles sont les règles à respecter, plus il sera facile de les appliquer à l’avenir.

Même s’ils ne sont pas en bas âge, vous pouvez toute de même établir d’un commun d’accord des règles de fonctionnement en parlant de ce que vous ressentez :  « Je suis stressé de voir ton regard sur ton téléphone en permanence, j’ai l’impression que rien d’autre ne t’intéresse.» ou encore « Quelle autre activité que celle de regarder ton téléphone pourrait t’intéresser tout autant ? » ou bien « Je peux comprendre que ce soit une pause pour toi après les cours, mais peut-on convenir que tu n’y reste que 30 minutes maximum ? »

 

En conclusion, pour améliorer les relations parents/enfants, retenez que prendre soin d’un enfant ne signifie pas tout accepter de lui. Essayez alors de dépasser le premier niveau de communication pour donner du sens à ce qui se joue pour lui.  Ainsi, plutôt que de s’adresser à lui en disant :

  • « Tu dois faire ceci »,
  • « Il faut… »,
  • « Je veux que tu… »

 

préférez des formulations telles que :

  • « De quoi aurais-tu besoin pour réussir cela ? »,
  • « De quoi as-tu envie ? »,
  • « Peux-tu me dire ce que tu ressens ? »,
  • « Comment peut-on faire pour… ?».

 

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