En tant qu’individus en quête d’un mieux-être, il peut être tentant de solliciter un thérapeute de sa connaissance (ami/membre la famille) pour démarrer un accompagnement thérapeutique. Mais est-ce une bonne idée que de consulter un thérapeute de sa connaissance et qui nous connaît déjà ? Comment faire en sorte que cet accompagnement soit une réussite ?

Dans la mesure où cette situation existe, il est donc préférable de se poser les bonnes questions, avant d’accepter ou de refuser l’accompagnement à ce patient en demande.

 

 

 

Accepter de recevoir un patient qui fait partie, ou dont la famille fait partie de notre cercle amical : Une situation à éviter

C’est un risque d’oser aborder ce sujet dans un blog ouvert à tout public, notamment le risque d’incompréhension de l’existence même de cette question comme problématique. D’aucun auraient directement écarté le sujet en pensant « c’est niet’.

Cependant la question est malgré tout souvent posée sur les groupes d’entraides de psychologue.

C’est arrivé que cette situation me soit aussi rapportée dans le cadre des supervisions.

Je me suis plusieurs fois retrouvée dans la situation d’accompagner des personnes que je connaissais par ailleurs. Cela s’est passé lorsque j’étais expatriée aux Etats-Unis, et les personnes de la communauté française s’adressaient à moi pour leurs enfants,  « justement » parce qu’elles me connaissaient. Et j’acceptais car je n’avais pas le cœur de refuser une aide que je pouvais apporter à une famille. A l’époque les propositions de suivis en visio étaient rares et l’isolement géographique était un vrai frein pour être suivi par des professionnels de sa langue et de sa culture.

Pourtant, en acceptant d’aider ces enfants, il est quasiment systématiquement arrivé que ma relation avec ces personnes changent. En résumé j’avais l’impression récurrente de perdre des amitiés. C’est à dire des relations affectueuses, réciproques et égalitaires. Je ne souligne pourtant même pas dans ces propos le fait que nous avions dorénavant une relation d’argent. Notre lien devenait inégalitaire : si j’écoutais leurs difficultés, je ne partageais pas les miennes. Ainsi, il est évident que la relation de départ qui existait entre le praticien et son client ne sera plus la même, au moins le temps de l’accompagnement thérapeutique.

Le prix à payer pour la psy est un peu lourd, perdre ses amitiés dans la communauté où l’on habite est franchement lassant. L’impression d’avoir une double identité aussi.

Aujourd’hui, je conseille aux psychologues que je supervise de systématiquement refuser ces demandes, pour se protéger et faciliter leur travail.

La personne qui vous a sollicitée pourrait ressentir un sentiment d’abandon. Il est important de bien expliquer votre décision, et de recommander à la personne un autre professionnel.

Il y a une situation très différente, où il arrive que l’on réalise qu’un proche est en difficulté, et qu’il ne trouve par les aides dont il a besoin, alors que l’on sait pouvoir l’aider. Nous sommes des professionnels, mais des professionnels de cœur ! La réponse théorique simpliste « Cela ne se fait pas d’accompagner quelqu’un que l’on connait par ailleurs » n’est alors pas suffisante. Dans ce cas particulier, le thérapeute est celui qui propose son aide, et non celui à qui on la demande, les questionnements sont donc un peu différents.

Quoiqu’il en soit, si pour une raison ou pour une autre, vous êtes accompagné, ou vous acceptez d’accompagner des personnes que vous connaissez dans un cadre différent de la thérapie, il existe trois questionnements à bien éclairer avant de commencer la thérapie.

 

Pourquoi être tenté de consulter un thérapeute de sa connaissance ?

Il peut arriver que l’on ait envie de solliciter un thérapeute de son entourage pour être accompagné et atteindre nos objectifs de mieux-être. Pourquoi cela ? Cela peut être lié au fait que ce thérapeute présente souvent une posture d’écoute qui est présente aussi bien dans sa sphère personnelle que professionnelle.

Ainsi, on peut facilement reconnaître les qualités de ce professionnel et lui accorder facilement notre confiance.

Enfin, dans le cas d’expatriation, il est souvent difficile de trouver un professionnel avec lequel on se sent à l’aise qui soit aussi de sa langue et de sa culture.

 

Adopter des postures claires de patient et de professionnel

Il faut garder à l’esprit que tout accompagnement thérapeutique a pour but de permettre aux personnes accompagnées de se sentir mieux et d’atteindre leurs objectifs.

Aussi, avant de prendre sa décision d’accompagner ou non une personne de son entourage, le thérapeute et son client doivent bien avoir en tête l’importance de travailler sur :

  • la posture personnelle/intérieure du thérapeute, qui ne se positionnera plus comme un membre de la famille/une connaissance/un ami mais bien comme  un professionnel à  part entière. Si ce changement de posture s’avère être trop difficile, il est préférable de ne pas accepter d’accompagner la personne qui le sollicite
  • la posture du client, la personne accompagnée sera désormais un client qui bénéficie d’un service, et non plus le membre de la famille/la connaissance/l’ami connu du thérapeute. Sa posture doit donc aussi évoluer dans ce nouveau cadre d’échanges.

Le coût est aussi pour le patient amené à livrer sa sphère privée, à une personne avec qui il va peut-être diner le lendemain chez des amis communs, voire chez lui. Les choses sont dites, le cadre est pesé, posé et respecté, mais la réalité émotionnelle est là.

La confidentialité, cela va mieux en le disant. La confidentialité est inhérente à notre activité de psychothérapeute. Dans le cadre particulier d’une communauté d’expatriés où beaucoup de personnes se connaissent, rappelons bien au moment de poser le cadre, que nous ne répèterons pas ce qui se dit, que nous ne dirons à personnes que nous voyons un tel ou un tel .Si le patient souhaite partagé ce qu’il vit en thérapie avec des proches, cela lui appartient.

Posons aussi, que dans la mesure où nous pouvons nous rencontrer dans des lieux différents de celui du cabinet, nous n’y évoquerons jamais le travail thérapeutique, voire nous nous contenterons de nous saluer de loin.

 

En acceptant de recevoir une personne que l’on connait par ailleurs, nous prenons la responsabilité de l’accompagner vers son mieux être.

Généralement, tant qu’il s’agit d’enfant la thérapie peut avoir lieu : les enfants ne se posent pas trop de question sur les liens entre les adultes qui les entourent, tant que la confidentialité est effectivement préservée. Les enfants vont souvent poser directement la question.

Mais dans certains cas, notamment les adultes, cela peut être plus délicat. En effet il est parfois difficile en tant que thérapeute de dire ce que l’on pense d’une situation, ou de souligner le comportement inapproprié d’un patient. Ceci est bien évidemment encore plus difficile quand il s’agit « d’amis ». Il ne s’agirait pas sous prétexte « d’aider » de faire perde un temps et une énergie précieuse à la personne qui entame une démarche thérapeutique, parfois pour des symptômes très envahissants.

A nous d’avoir l’éthique de continuer à accepter ces suivis si nous sommes convaincus de pouvoir proposer une expérience thérapeutique de qualité. Des expériences « suffisamment bonnes », comme dirait Winnicott, mais en parlant de mère « suffisamment bonnes pour leurs enfants ». C’est donc bien au prix d’un renoncement à une forme de lien de réciprocité entre le patient et le thérapeute. Les expériences suffisamment bonnes car le patient a malgré tout été accompagné, et ses symptômes ont été entendus et soulagés.

 

>>> Accéder à l’enregistrement effectué dans le cadre de Soignants Dans Le Monde, structure créée par Aude pendant son expatriation aux Etats-Unis.

psychologue psychocorporel supervision adultes professionnelsAu fil de ses 15 années d’exercice libéral, Aude a fait évoluer ses propositions thérapeutiques. Le fil directeur est une approche humaniste, basée sur les besoins de la personne, dans une dynamique interactive.

Progressivement Aude a développé la méthode de Relaxation Profonde Active. Basée sur l’exploration des sensations du corps comme vecteur d’information, suivi d’un protocole de réparation, de consolation ou d’acceptation selon les situations rencontrées. Cette méthode permet d’aller beaucoup plus loin dans la compréhension historique du patient, que ce qu’il sait en conscience.

Ces outils sont conçus pour être intégrés à une clinique traditionnelle intégrative.

Pin It on Pinterest

Share This